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Publié par ERASME

" Que l’Italie connaisse une crise depuis 2008 parait à première vue évident. L’Italie participe à la « grande crise » du capitalisme mondial, ouverte aux États-Unis avec la crise dite des « subprimes » à l’été 2007. Elle se trouve aussi prise dans la crise européenne dite des « dettes souveraines », qui débute en 2009-2010 avec la révélation par le nouveau gouvernement grec du déficit public réel du pays. Lorsque disparaît à cette occasion la croyance décennale des marchés financiers en l’égalité de risque sous-jacent aux dettes publiques émises par les différents pays de la zone Euro (Artus & Gravet, 2012 ; Lapavitsas, 2012 ; Price, 2012, Aglietta & Brand, 2013), la dette publique italienne leur paraît risquée à détenir. Cette dernière, en raison même de son montant (1605 milliards d’euros, soit 103,3% du PIB italien en 2007) [1], constitue dès lors l’un des paramètres majeurs de cette crise : les autres pays de la zone Euro ne pourraient pas financer l’État italien si, d’aventure, il n’avait plus accès aux marchés financiers internationaux. Le niveau des taux d’intérêt à laquelle la dette publique italienne se négocie sur les marchés financiers va donc constituer l’un des indicateurs majeurs de l’acuité de la crise européenne. Le « spread » entre ce taux et celui servi sur la dette publique allemande devient l’un des signaux qui annonce alternativement, soit la fin prochaine de la zone Euro, soit sa survie entièrement tissée de volonté(s) politique(s). Ainsi, à compter de l’été 2012, lorsque Mario Draghi au nom de la Banque centrale européenne (BCE) annonce à travers le programme OMT (« Outright Monetary Transactions ») vouloir faire « whatever it takes » selon sa propre expression pour sauver l’intégrité de la zone Euro, le spread italien baisse nettement. De fait, contrairement aux autres « PIIGS [2] Cet acronyme anglais (les « cochons ») désigne dans la presse… » et à Chypre, l’Italie par un effet de taille (« too big to bail » [3]C’est-à-dire, « trop importante pour être renflouée ». La dette…) n’a pas eu à ce jour à négocier un « plan de sauvetage » avec ses partenaires européens et à subir en conséquence la mise sous tutelle de son gouvernement par la « troïka » (Commission européenne, BCE, Fonds monétaire international). Cependant, la séquence commencée au printemps 2011 ayant amené Silvio Berlusconi à démissionner de son poste de Président du Conseil en novembre 2011 et à la mise en place immédiate d’un « gouvernement technique » pour le remplacer sous la direction de l’ancien Commissaire européen à la Concurrence, Mario Monti, peut être décrite comme un équivalent à une telle mise sous tutelle pour rassurer les marchés financiers (Jones, 2012). De ce fait, l’Italie participe en troisième lieu de la crise politique qui s’est ouverte dans de nombreuses démocraties européennes à la faveur de la crise économique et de sa gestion « austéritaire » (Les économistes atterrés, 2011 ; Blyth, 2013 ; Durand, 2013) par l’alliance entre les pays européens « créditeurs » (Allemagne en particulier) et les instances européennes et internationales depuis 2010 : en effet, satisfaire les demandes des « marchés internationaux » semble désormais devoir l’emporter aux yeux des gouvernements concernés sur la « volonté du peuple » de préserver des éléments essentiels de son mode de vie ou de sa vie démocratique (Scharpf, 2011 ; Habermas, 2012 ; Streeck, 2013).Chiffre EUROSTAT.

2Si l’Italie peut être ainsi dite en crise, ne peut-on pas dire pourtant, certes non sans cynisme, que « jusqu’ici tout va bien » ? .... "

Lire le document : L'Italie (2008-2013) : de la crise à cause de l'euro au miracle à venir grâce à l'euro ?

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