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Publié par ERASME

Ce dossier, introduit par un avant-propos de Pascal Boniface, directeur de l'IRIS, présente l'ensemble des dossiers "Le Virus du Faux" - dirigés par François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'IRIS -, des tribunes, entretiens et conférences-débats réalisés dans le cadre de cet observatoire. Il est clôturé par un glossaire.

AVANT-PROPOS

Par Pascal Boniface, directeur de l’IRIS

La première victime dans une guerre est toujours la vérité. Comme dès le 16 mars 2020, le président de la République a déclaré que nous étions en guerre contre le Covid-19, il est légitime de s’inquiéter de savoir si au-delà des morts dues à la pandémie et des difficultés économiques sociales et psychologiques qu’elle a créées, la vérité n’a pas été la principale mise à mal. En période de trouble, alors que l’angoisse et l’anxiété augmentent chaque jour et que nous sommes confrontés à l’inconnu, rien n’apparait plus normal à ce que la désinformation et les fake news occupent un espace central. Pour certains, il a même été prédominant. Le grand public était avide de réponses à des questions qu’il ne s’était jamais posées auparavant, mais dont il savait qu’elles pouvaient avoir un impact sur sa vie quotidienne et plus encore sur sa vie tout court. Ceci s’est produit dans une ambiance de rivalité intensifiée entre les deux géants géopolitiques chinois et américain, où le Covid-19 a été instrumentalisé dans chaque pays à des fins de combat de politique intérieure.

L’échelon européen a également été mis en cause de bonne foi par ceux qui ne savaient pas, mais qui voulaient quand même s’exprimer, de mauvaise foi par ceux qui avaient un agenda politique ou géopolitique particulier. Mais les autorités européennes ou nationales ne sont-elles pas au moins partiellement responsables de ce discrédit ? Comme l’écrit François-Bernard Huyghe, « tout vide appelle son plein de croyances de substitution ».

Les fake news se sont développées sur le terreau du sensationnalisme. Y a-t-il plus de fausses nouvelles sur le Covid19 que sur d’autres sujets ? C’est peut-être le sentiment que l’on peut avoir, mais il est avant tout lié au fait que le Covid-19 a été l’alpha et l’oméga du traitement de l’information depuis un an. Le caractère anxiogène du sujet a certainement aidé à la diffusion de nouvelles alarmistes.

Je ne crois pas qu’il y ait plus de désinformation qu’auparavant, elle est plus visible, mais peut-être parce que notre esprit critique est plus développé. Elles se répandent plus vite du fait de la force virale des réseaux sociaux, mais elles peuvent également être démenties plus rapidement. Rendre coupables les réseaux sociaux de la désinformation n’est-il pas une désinformation en tant que telle ? Ils ont quand même permis de briser le monopole des gouvernements et des puissances en général sur l’information en permettant à chacun d’être non plus seulement récepteur, mais également émetteur d’opinion et d’information. Comme François-Bernard Huyghe le souligne avec pertinence « la faute des réseaux sociaux devient une explication pour les votes qui ne nous plaisent pas, les violences qui nous choquent ou les bêtises qui nous énervent ».

Au global, malgré les défauts qui sont les leurs, ils ont quand même contribué à une démocratisation de l’accès à la connaissance et au développement de l’esprit critique. Il faut faire attention que la lutte contre le complotisme ne revienne pas à venir combattre l’esprit critique. S’il faut être dur avec le crime, il faut également être dur avec les causes du crime. Les mensonges d’institutions ayant pignon sur rue viennent nourrir le complotisme qu’elles dénoncent par ailleurs.

L’apparition du Covid-19 n’est pas un complot du Big Pharma pour étendre son influence, mais l’attitude des grandes compagnies pharmaceutiques doit pouvoir être observée de près. De même qu’il faut constater que les gouvernements n’ont pas toujours fait preuve de la plus grande transparence vis-à-vis de la pandémie.

François-Bernard Huyghe a piloté les dossiers « Le Virus du faux » de manière méticuleuse avec la pointe d’ironie qui lui est propre, autant d’éléments indispensables pour un véritable traitement du sujet. Travaillant depuis de nombreuses années sur la médiologie et ayant une solide culture géopolitique, il était l’expert idoine pour les diriger.

C’est bien le rôle des think tanks tel que l’IRIS de sinon établir la vérité, du moins critiquer les risques de mésinformation de façon indépendante. L’Observatoire (Dés)information & Géopolitique au temps du Covid-19 a été mené en poursuivant cet objectif.

Consulter le dossier : Dossier final – Observatoire (Dés)information & Géopolitique au temps du Covid-19

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