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Publié par ERASME

L’invasion de l’Ukraine en ce début d’année 2022 souligne l’importance cruciale de la géopolitique dans les choix de politiques publiques relatifs à l’avenir de notre puissance technologique. La crise du Covid-19 avait déjà levé le voile sur les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement internationales. Le retour de la guerre en Europe jette une lumière encore plus crue sur cette réalité. La Russie a les moyens de riposter aux sanctions européennes en jouant sur l’accès aux gaz rares et au palladium produits sur son sol et en Ukraine, des éléments indispensables au bon fonctionnement de toute la chaîne de valeur des semi-conducteurs. L’exemple est frappant, mais le problème de l’Europe va au-delà de l’industrie des semi-conducteurs. Comment mener des politiques de résilience industrielle et de contrôle des transferts de technologie à la hauteur de risques géopolitiques de cette nature ? 

L’Europe est contrainte d’agir dans le cadre de la rivalité sino-américaine. Elle affine sa boîte à outils défensive, pour se prémunir contre les captations de technologie, par la Chine mais aussi par d’autres. Elle est aussi amenée à s’ajuster aux décisions prises par les États-Unis pour priver la Chine de l’accès à certaines technologies. C’est, le plus souvent, le résultat d’un diagnostic transatlantique partagé sur les intentions et le mode opératoire de la Chine. Mais cet ajustement européen est parfois subi, puisque la portée extraterritoriale de certaines décisions américaines frappe régulièrement les industriels européens dans des secteurs comme l’aéronautique ou l’électronique de pointe. 

Dans le même temps, le contrôle sur les transferts de technologie connaît d’importantes transformations. Comment suivre le rythme de l'innovation accélérée émanant du secteur privé ? Le défi est de taille pour les autorités de contrôle. En Europe, aux États-Unis et au Japon, celles-ci ne cessent de renforcer leurs dispositifs défensifs, tout en élargissant leur domaine d’application. 

Enfin, contrôles et politiques industrielles sont de plus en plus mis à profit par certains États en tant qu’instruments de compétitivité internationale. Pour une Europe habituée à miser sur les mécanismes de marché et sur l’ouverture, s’ajuster à ces nouvelles réalités est vital. D’autant que la préférence quasi existentielle de l’Europe pour la diplomatie multilatérale se heurte, sur ces dossiers technologiques, à une tendance internationale au retour à la bipolarité et aux logiques de blocs.

 

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Malgré quelques tentatives infructueuses entreprises lorsque le plus 'américain' des présidents de la Commission européenne en pilotait la politique générale (J. E. Barroso), l'intelligence stratégique et la sécurité économique n'ont pas trouvé de place au sein de la Commission, et notamment au sein des DG en charge du Commerce, de la Recherche, de l'Innovation et de l'Industrie ! La politique commerciale, notamment, n'a jamais pris en compte ni les enjeux sociaux et de l'emploi ni les enjeux attachés à une approche systémique de la sécurité nationale ! Les programmes de Recherche et d'Innovation et les résultats des projets financés dans leur cadre ont été largement ouverts à des diffusions tous azimuts qui ont permis notamment aux USA de devenir le plus important détenteur de brevets en Europe ! Pour que cela change, la première des exigences est non seulement de changer de logiciel, mais surtout de renouveler les équipes en charge ...
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