Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par ERASME

"Le génocide des Arméniens (Հայոց ցեղասպանություն : Hayots tseghaspanoutyoun en arménien, Ermeni Soykırımı en turc) est un génocide perpétré d'avril 1915 à juillet 1916, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur. Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l'époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes-Turcs », composé en particulier du triumvirat d'officiers Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l'Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Il coûte la vie à environ un million deux cent mille Arméniens d'Anatolie et d'Arménie occidentale.
Les déportations et massacres sont préparés et organisés depuis Constantinople, alors capitale de l'Empire, et mis en œuvre à l'échelle locale par les responsables des divers districts et provinces. Chaque responsable local est chargé de rassembler ses administrés arméniens, puis les soldats et gendarmes ottomans escortent les convois jusqu'au désert dans des « marches de la mort » et procèdent eux-mêmes aux assassinats ou laissent libre cours à la violence de groupes de bandits armés majoritairement kurdes. De nombreux criminels, regroupés dans ce qui sera connu comme l'« Organisation spéciale », ont été libérés par les autorités à cette fin.
Sa reconnaissance politique à travers le monde fait encore l'objet de débats et de controverses, à cause de la négation de ce génocide, notamment en Turquie. En octobre 2015, le génocide est reconnu par les parlements de vingt-neuf pays...
Le traité de Kars rend à la Turquie le territoire de Kars (attribué à l'Empire russe par le traité de San Stefano en 1878). Ce territoire était peuplé de Lazes, de Meskhètes, de Géorgiens, et d'Arméniens survivants du génocide : ils sont expulsés et remplacés par des Turcs et des Kurdes. Avec ce traité, celui de Sèvres devient de fait caduc.
En février-mars 1921, se tient à Londres une conférence sur la révision du traité de Sèvres. Aucun règlement général ne conclut la conférence, mais l'Italie accepte de retirer ses troupes d'Anatolie. En mars 1922, l'Entente fait de nouvelles propositions à la Turquie kémaliste, en renonçant à prendre le traité de Sèvres pour base ; mais Kemal juge que ces propositions sont « loin, toutefois, dans leur fond, de contenter nos aspirations nationales». Ce traité est signé à Lausanne le 24 juillet 1923. L'Arménie n'y est plus mentionnée. L'historien H.-L. Kieser commente :
« Pour les perdants aussi bien que pour les humanitaires internationaux, l'ombre de la conférence était écrasante. Le traité acceptait tacitement les faits de guerre : le génocide des Arméniens ottomans, le massacre d'Assyriens ottomans, la déportation de Kurdes ottomans (1915-1916) et l'expulsion des Ottomans gréco-orthodoxes (1914 et 1919-1922), commise au profit de la turquification de l'Anatolie. Le nouveau gouvernement d'Ankara cachait à peine sa naissance au sein du parti Jeune-Turc, directement responsable des crimes perpétrés entre 1914-1918. Le traité complétait les faits de guerre par un transfert de populations jusqu'alors inouï, celui de Grecs musulmans (356 000) et d'Ottomans anatoliens de confession orthodoxe (290 000, avec ceux déjà expulsés comptant environ un million et demi de personnes). Avec quatre générations de retard, on a tout récemment commencé à déplorer publiquement ce transfert, même en Turquie. Pour ce qui est des crimes antérieurs, le négationnisme et l'apologie parfois grotesques, mais tacitement autorisés par le traité, prévalent toujours largement. »..
La communauté des historiens qualifie ces événements de génocide. Plusieurs historiens et spécialistes de la Shoah, dont Elie Wiesel et Yehuda Bauer, ont fait connaître publiquement leur position le 9 juin 2000 dans le New York Times, pour déclarer « incontestable la réalité du génocide arménien et inciter les démocraties occidentales à le reconnaître officiellement ». L'Institut de l'Holocauste et des génocides (situé à Jérusalem), et l'Institut pour l'étude des génocides (situé à New York) ont établi comme un fait historique le génocide arménien. Pierre Vidal-Naquet, grande figure de la lutte contre le négationnisme, affirme « qu'il est évident que dans le cas du massacre des Arméniens, l’État turc est négationniste » dénonçant dans le même temps, avec d'autres historiens de renom, « les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l'appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens […] », rappelant que « dans un État libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique »
Cette analyse historique du génocide arménien s'est construite sur la base des témoignages des survivants, ainsi que des observateurs étrangers, et s'est enrichie grâce à l'ouverture progressive des archives officielles ottomanes. L'examen de ces archives a permis aux historiens d'affiner la connaissance sur les responsabilités. Ainsi, la responsabilité du génocide (conception, préméditation, organisation et exécution) est essentiellement attribuée aux officiels issus du parti des Jeunes-Turcs Ittihadistes, le rôle de ce parti des Jeunes-Turcs étant assimilable à celui des nazis en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les archives du comité central, du triumvirat au pouvoir du comité union et progrès ont disparu, de même la totalité des échanges télégraphiques relatifs au génocide, des documents liés à l'Organisation spéciale ont été brûlés. Plus récemment, Nabil Na’eem, fondateur du parti égyptien Jihad Démocratique, accuse la Turquie d'être à l'origine de l'incendie en novembre 2011 par les frères musulmans des archives nationales égyptiennes dans le but d'en éliminer tout document relatif au génocide arménien.
L'État turc et une « poignée d'historiens aux ordres » ont développé des études niant le génocide arménien. Ces historiens turcs ou s'intéressant à l'histoire ottomane et/ou turque refusent la qualification de génocide à ces événements ; ils se contentent de parler de massacres plus ou moins spontanés et de déportations rendues nécessaires par les circonstances, et minimisent également le nombre de victimes. Même si de nombreux pays et instances gouvernementales ou religieuses dans le monde les ont officiellement définis comme génocide, la Turquie continue à contester l'ampleur de ce qu'elle appelle des « tueries » ou « le prétendu génocide arménien », ajoutant qu'il y a aussi eu beaucoup de Turcs massacrés durant cette période. Cette position est dénoncée tant par les survivants que par la communauté des historiens en général.
Par ailleurs, l'Association internationale des historiens spécialisés dans l'étude des génocides (International Association of Genocide Scholars), représentant la majorité des historiens européens et d'Amérique du Nord, a publié une lettre ouverte adressée au Premier ministre turc le 13 juin 2005 afin de lui rappeler que ce n'était pas seulement la communauté arménienne, mais des centaines d'historiens, de nationalités différentes, indépendants de tout gouvernement, qui avaient étudié et établi la réalité du génocide arménien :
« Nier la réalité factuelle et morale du génocide arménien relève non pas de l'étude historique mais d'une propagande destinée à affranchir les coupables de leurs responsabilités, en accusant les victimes, et en effaçant la signification morale de leurs crimes. »..."
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article