La complexité de la légitimité, par Brigitte Bouquet
Le débat sur la question de la légitimité est récurrent. La notion de légitimité est aujourd’hui utilisée à profusion, dans des domaines variés et avec des aspects différenciés. Elle est devenue un « concept carrefour » qui concerne soit le registre politique et de gouvernance, soit divers domaines, dont le domaine social et professionnel.
Ainsi, la légitimité, qui se veut fondatrice, est complexe, voire polémique :
les uns la fondent uniquement par le droit alors que d’autres la pensent supérieure à la légalité et la définissent comme l’existence de normes symboliques partagées, permettant aux membres d’une société d’interagir. Il y a donc une distinction entre la légitimité formelle et la légitimité sociale ; la légitimité formelle est celle du droit, l’aspect légal d’une organisation politique ; la légitimité sociale relie les citoyens sur la base d’une identité collective forte et d’intérêts communs ;
d’aucuns rappellent que la légitimité s’impose de diverses manières, par la tradition, le statut, la connaissance, l’expertise, la conviction … Et de ce fait, d’autres considèrent que cette pluralité de légitimités dissout l’idée d’une légitimité absolue au profit d’un relativisme ;
enfin, certains se demandent jusqu’à quel point l’affirmation d’une légitimité ne pérennise pas un modèle défunt. Les « discours de légitimation » seraient en quelque sorte un appel désespéré.
La réflexion sur la légitimité a ainsi varié dans le temps, elle a emprunté des voies multiples, s’est complexifiée ; elle est toujours en construction.
Aussi cet article a pour but d’apporter une vision synthétique. Il rappelle d’abord le concept de légitimité, son évolution, puis porte sur ses contours dans la dimension politique et dans la dimension sociale. Enfin, il se centre sur la question de la légitimité dans le travail social.
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