Pour une Europe des débats - Le Mot d'Esprit (Vendredi 20 septembre 2024)

Au seuil de son second mandat, Ursula von der Leyen a dévoilé cette semaine la composition de son collège de commissaires, qui doivent encore être auditionnés par le Parlement avant d’être confirmés à leur poste. L’actualité européenne a également été marquée par la remise du rapport Draghi sur la compétitivité européenne, qui n’a pas hésité à dramatiser l’enjeu de financement de l’innovation auquel l’économie européenne doit s’atteler, sous peine d’une « lente agonie ».

Loin d’être consensuel ou simplement technique, un tel plan d’investissement pour l’avenir ne manquera pas de poser de difficiles questions d’arbitrage. D’autant que dans le même temps, le contexte international de plus en plus inflammable rend cruciale la question du positionnement géopolitique de l’Union. Dans ce « moment machiavélien », qui appelle à une affirmation de l’Europe comme acteur politique, la tentation pourrait exister de renforcer le seul pouvoir exécutif. Sachant que la question de l’alternance démocratique est si brûlante, dans les États membres comme à l’échelle européenne, n’est-il pas temps au contraire de rompre avec le soupçon de gouvernance exclusivement juridique et technique qui continue de peser sur les institutions européennes ? 

Le centre de gravité du Parlement s’est déplacé vers la droite à l’issue des élections du 9 juin, et la composition de la Commission a tenu compte de ces nouveaux équilibres : Raffaele Fitto, du parti Fratelli d’Italia, et l’Autrichien Magnus Brunner, de l’ÖVP, y ont fait leur entrée. Ce dernier aurait en charge la question de l’immigration, ce qui inquiète déjà certains parlementaires. Espérons que son audition sera elle aussi l’occasion d’un véritable débat. Car rien ne serait pire que d’apporter la preuve, à l’échelle européenne, que la technocratie et l’extrême droite savent parfois travailler main dans la main. 

La rédaction

Quels nouveaux équilibres politiques au Parlement européen ?

Thierry Chopin, septembre 2024

Si le centre de gravité du Parlement européen s’est déplacé vers la droite, ses équilibres ne sont pas bouleversés, comme en témoigne la réélection d’Ursula von der Leyen. Mais l’ordre du jour de la nouvelle législature sera surtout déterminé par les défis extérieurs, qui pourraient bouleverser les priorités.

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De nouveaux tribuns. Le « moment machiavélien » de l’Europe

Céline Spector, avril 2024

Face aux périls géopolitiques, il est nécessaire d’abandonner une vision abstraite de l’Europe où seules seraient partagées des valeurs, et de la concevoir comme la manifestation politique d’intérêts communs.

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L’élargissement de Robert Menasse

Michel Herland, juin 2024

« Dans son nouveau "roman européen", Robert Menasse raconte les coulisses de la Commission européenne lors de négociations en vue d’une éventuelle adhésion de l’Albanie à l’UE, nous permettant de comprendre ces institutions de l’intérieur. »

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