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Publié par ERASME

Le transhumanisme s’impose comme une nouvelle croyance à grand renfort de promesse de jeunesse éternelle et de conférences TED. Il préconise l’utilisation d’innovations technico-médicales, afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des humains, pour concrétiser l’espérance prométhéenne : guérir, améliorer, transcender. Mais quels sont ses fondements idéologiques ? Pourquoi ses partisans veulent-ils l’installer comme une véritable croyance ? Quels sont leurs intérêts et motivations ? Michel Weber montre que même si ce courant de pensée est souvent présenté comme apolitique, une autre réalité se cache sous les prétextes émancipateurs d’outils techniques : la volonté de tout prévoir, de tout anticiper et de tout contrôler. Cette société fondée sur l’hypercontrôle et la maîtrise absolue du cours de nos vies nous plonge encore davantage dans l’hyperindividualisme, sous l’emprise quasi totale de la technologie. Cela conduit à une nouvelle forme de totalitarisme. Le transhumanisme apparaît alors comme l’aboutissement logique d’une doctrine technocapitaliste, terme d’un long processus de destruction des conditions de possibilité de la vie authentique en général et de la démocratie en particulier. À travers une approche philosophique, Michel Weber nous livre dans cet essai un solide contre-argumentaire aux thèses transhumanistes et interroge la place actuelle et future de la technique dans l’évolution de nos sociétés et de l’humanité.
La thèse est double : dès lors que l’on prend en compte les présupposés de la technoscience et l’histoire de son développement dans le cadre du capitalisme industriel et financier, le transhumanisme apparaît comme l’aboutissement logique d’un long processus de destruction des conditions de possibilité de la vie authentique en général, de la vie tout court, et de la démocratie en particulier. D’autre part, si l’on se recentre sur le sens commun, et que l’on contemple au surplus les modalités historiques et transculturelles de la vie ascétique, on obtient une perspective diamétralement opposée offrant, de manière infiniment plus cohérente et nuancée, des prétentions émancipatrices très similaires, mais cette fois beaucoup plus réalistes. En somme, tout se passe comme si les transhumanistes braconnaient sur le terrain de la mystique, vendant cher et vilain ce que les ascètes obtiennent uniquement par les épreuves traditionnelles non vénales : frugalité, jeûne, privations sensorielles, abstinence sexuelle, mortifications, méditation, prière, initiations…
Michel Weber, Contre le totalitarisme transhumaniste : les enseignements philosophiques du sens commun, Limoges, FYP éditions, 2018. (ISBN 978-2-36405-172-0)
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