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Publié par Patrice Cardot

Au cours de son déplacement à Washington des 2 et 3 mars, le ministre français de la Défense Hervé Morin s'est exprimé sur le retour de la France dans les structures militaires intégrées de l'Otan, mais sans l'annoncer formellement.

S'exprimant devant un influent forum de réflexion de Washington, le Centre d'études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies, CSIS), M. Morin a souligné la disposition de Paris à "rénover" sa relation avec l'Alliance atlantique, tout en insistant sur la volonté de la France de rester "un allié indépendant et libre des Etats-Unis" et sur le fait que cette indépendance n'est "ni négociable ni discutable".

Le Président Nicolas Sarkozy pourrait annoncer le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'Otan d'ici au sommet du 60e anniversaire de l'Alliance, les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne).

Il en aura l'occasion dès le 11 mars à Paris, lors d'un colloque de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) inscrit à son agenda.

La perspective de ce retour dans des structures quittées avec fracas par le général de Gaulle en 1966 fait cependant grincer des dents sur la scène politique intérieure française. Certains dans la majorité y voient une manière de brader l'héritage gaulliste tandis que l'opposition dénonce une initiative susceptible de ruiner l'image d'indépendance de la France (cf. notamment le point de vue de Louis Gautier repris sur ce blog dans un article intitulé : Le retour dans le bercail atlantique est inopportun et inefficace).

A Washington, M. Morin s'est attaché à rassurer. La France, a-t-il relevé, participe dès à présent à 36 comités des 38 que compte l'Otan et compte déjà 120 militaires dans les états-majors de l'Alliance.

Pour M. Morin, il s'agit de mettre fin à une "situation paradoxale". La France, a-t-il fait valoir, "participe à toutes les opérations militaires de l'Otan depuis 1995", en est "un acteur majeur, son quatrième contributeur et a commandé des opérations de l'Alliance au Kosovo ou en Afghanistan". Pour autant, elle ne figure pas "dans les structures qui lui permettraient de participer à la rédaction et à l'écriture du scénario", a-t-il déploré.

Les deux instances de l'Otan dont la France est toujours absente sont le "comité des plans de défense" qui fixe la contribution militaire de chaque pays membre en fonction des besoins exprimés par l'Alliance et le "groupe des plans nucléaires", son "autorité suprême" sur les questions de dissuasion.

M. Sarkozy avait suspendu la réintégration dans l'Otan à une relance de l'Europe de la défense. "C'est fait", a assuré le ministre de la Défense, en dressant le bilan de la présidence française de l'Union européenne au second semestre 2008.

M. Morin a cependant énuméré toute une série de préalables à cette réintégration.

Des officiers européens, et notamment français, doivent se voir confier "un certain nombre de commandements importants et stratégiques aujourd'hui détenus par des officiers américains", signe d'une "européanisation de l'Otan".

Dans le même esprit, M. Morin attend de la nouvelle administration Obama qu'elle reconnaisse, comme George Bush en son temps, que "l'Europe de la défense est une nécessité". Un "message" positif des Britanniques, "l'autre puissance militaire européenne avec la France" est également souhaité.

Elargissant son discours à la relation entre l'Union européenne et l'Otan, M. Morin a souligné la nécessité "d'un partenariat transatlantique rénové entre une Amérique ouverte aux autres et une Europe qui se renforce". "L'intérêt bien compris des Etats-Unis, c'est d'avoir des alliés européens forts", a-t-il insisté. L'enjeu, selon lui, est "une Otan qui fasse plus de place à l'Europe".

Enfin, M. Morin a appelé à une "rénovation de l'alliance" qui passe selon lui par "un nouveau concept stratégique".

Les opérations militaires de stabilisation en Afrique doivent rester le domaine de l'Union européenne plutôt que de l'Otan, a ainsi estimé M. Morin, tout comme l'alliance doit demeurer "un système de sécurité collective entre Européens et Américains" et non "devenir progressivement un instrument du maintien de la paix au service de l'ONU". "L'élargissement infini de l'Alliance atlantique c'est son affaiblissement", a-t-il par ailleurs mis en garde.


NB : Outre l'article de Louis Gautier évoqué dans le corps de cet article, le lecteur trouvera sur ce blog deux autres articles dédiés à ce même sujet ; un premier article intitulé : " De la position de Michèle Alliot-Marie en faveur du retour de la France dans les structures militaires intégrées de l'OTAN " et un second intitulé : " Une bonne alliance euro-américaine ! Par Jean Dufourcq "

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