Abstention électorale européenne : quelle responsabilité des pouvoirs publics ?
Alors que les Gouvernements des 27 affichent une inquiétude croissante sur le taux de participation aux élections
européennes de 2009, il convient de s'interroger sur leur propre part de responsabilité dans cette désaffection.
Une lettre à M. FILLON
Dans une lettre ouverte du 10 février 2009 adressée au Premier ministre français, Monsieur François Fillon, deux mouvements européens (UEF et JEF) lui demandaient solennellement d'engager rapidement une vaste campagne d'information en vue de promouvoir le civisme électoral européen.
Cet appel était basé sur trois arguments simples :
1. la dégradation constante - depuis 1979 - du taux de participation à l'élection du PE n'est pas soutenable et menace le développement démocratique de l'Union - alors même que le traité de Lisbonne va considérablement accroître les pouvoirs du PE élu le 7 juin 2009 ;
2. l'encouragement au civisme électoral est une responsabilité majeure et première des pouvoirs publics - pour les scrutins nationaux comme européens - et ceux-ci sont les seuls à disposer de la légitimité comme des moyens logistiques et financiers nécessaires ;
3. le Gouvernement français a démontré de façon spectaculaire - au cours de sa présidence européenne du deuxième semestre 2008 - sa capacité à développer par tous les moyens médiatiques une campagne forte et efficace sur les enjeux européens.
[L'idée sous-jacente à cette requête de principe était surtout qu'un effort - même modéré - du Gouvernement était susceptible d'accroître de 5 à 10% le taux de participation, évitant ainsi une nouvelle baisse par rapport à 2004.]
La lettre à M. Fillon est restée sans réponse et chacun pourra apprécier, au lendemain du 7 juin, si le Gouvernement a ou non assumé sa responsabilité en matière d'information sur l'élection du PE.
Si la réponse est négative - et si l'écroulement annoncé du taux de participation se produit - l'opinion publique
sera en droit de s'interroger sur les raisons qui ont motivé l'attitude des pouvoirs publics français.
Une commission d'enquête du PE
Il apparaît par ailleurs que peu de gouvernements parmi les 27 se sont souciés d'encourager la participation de leurs citoyens au scrutin européen. Dans la plupart des cas, cette tâche a été assumée par des organisations de la société civile et par les Institutions européennes (Commission et PE) avec des moyens dérisoires, du moins pour les grands Etats membres.
Pour sortir enfin de cette spirale descendante qui fragilise la légitimité politique du PE, il serait utile que ce dernier se saisisse lui-même de ce problème dès le lendemain de son élection - par exemple en créant une commission spéciale - voire une commission d'enquête - chargée d'examiner les carences de l'information sur l'Europe dans les Etats membres et en particulier lors des élections européennes (et des referendums sur les Traités...).
Il serait en effet opportun que le premier usage que le Parlement de 2009 fasse de ses pouvoirs accrus soit concentré sur un effort de rapprochement envers l'opinion publique par une meilleure communication et information. Dans ce domaine, il faudra sans doute aller au-delà des multiples rapports et livres blancs sur le sujet et affronter directement les problèmes politiques, institutionnels, financiers, voire administratifs qui ont jusqu'ici bloqué toute initiative d'envergure dans ce domaine.