Le rapport Goldstone sur Gaza sera évoqué le 14 octobre à l'Onu
Le Conseil de sécurité a répondu favorablement à une demande de la Libye,
actuellement membre du conseil, qui souhaite un débat d'urgence sur le rapport qui accuse l'armée israélienne et les combattants palestiniens de crimes de guerre lors du conflit à Gaza en
décembre et janvier.
A l'origine, la réunion mensuelle du Conseil de sécurité consacrée au Proche-Orient devait se tenir le 20 octobre.
Le rapport a été réalisé par l'enquêteur Richard Goldstone à la demande du Conseil des droits de l'homme de l'Onu (CDH) et ses résultats ont été très vivement critiqués par Israël.
Le CDH devait voter vendredi 9 octobre une résolution condamnant l'absence de
coopération d'Israël lors de l'enquête et devait transmettre le rapport au Conseil de sécurité. Mais
le vote a été reporté à la saison ordinaire du CDH au mois de mars sous la pression des Etats-Unis soucieux de relancer le processus de paix dans la région.
Le gouvernement israélien a vivement critiqué les conclusions de ce rapport. Pour Ygal Palmor le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, la commission d'enquête a délibérement ignoré le contexte.
Les Etats-Unis, soutenant la position d'Israël qui juge le rapport établi à charge contre lui, veulent éviter que cette question soit inscrite sur
l'agenda du Conseil de sécurité et débattue en elle-même.
La réunion du 14 octobre n'abordera donc le sujet que comme une question parmi d'autres concernant le Proche-Orient. Après plus de deux heures de réunion à huis clos consacrée aux questions de procédure, l'ambassadeur adjoint des Etats-Unis,
Alejandro Wolff, a clairement indiqué que Washington ne soutiendra pas une action du Conseil résultant de la réunion du 14 octobre.
Wolff a rappelé que le rapport doit être examiné par le CDH et que toutes les décisions se prendront à Genève et non à New York.
Source : REUTERS (Pierre Sérisier) et RFI.
Voir aussi la conférence de presse du Juge Goldstone à l'occasion de la publication du rapport de la mission
d'établissement des faits sur Gaza : http://www.un.org/News/fr-press/docs/2009/Conf090915-GAZA.doc.htm
La saisie éventuelle de la CPI aurait, selon Yagal Palmor, des conséquences négatives sur le plan international : « Si cette démarche prévaut à Genève, si le Conseil de sécurité est saisi, cela voudrait dire qu’aucun pays, ne serait capable de se défendre du terrorisme ou d’autres menaces, où que ce soit : ni la France, ni les Etats-Unis, ni la Russie, aucun pays au monde. Les conclusions et les recommandations de cette commission sont tellement extrémistes qu’elles rendraient impossibles à l’avenir toute intervention de qui que ce soit, où que ce soit, pour se défendre ». Pour l'avocat Patrick Baudoin, président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme, ce rapport mérite pourtant d'être pris en compte. Maître Baudoin affirme que « le rapport conclut à l’existence de crimes internationaux très graves. Il est indiqué que cela ne peut pas rester sans suites. On ne peut pas rester dans l’impunité. Et le rapport dit fort justement qu’il appartient aux justices nationales de faire ce travail ; autrement dit : d’une part, à la justice israélienne et d’autre part aux Palestiniens. Le rapport propose quelque chose de nouveau qui est de dire : Nous nous proposons une période probatoire de six mois. Nous impartissons aux deux parties, le soin de mener des enquêtes et d’engager des poursuites, pendant ce délai de six mois. S’il n’y a aucune action ni du côté palestinien ni du côté israélien, nous proposons que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale pour qu’elle-même diligente une enquête et engage des poursuites » . Le Hamas de son côté cherche du soutien pour faire condamner l'Etat hébreu comme l'explique son porte-parole Taher Al Nounou : « Notre Premier ministre a parlé au secrétaire général de la Ligue arabe. Il a promis d’évoquer ce rapport international aux Nations unies et au Conseil de sécurité et de plaider pour la comparution des responsables israéliens devant la Cour pénale internationale ».Il déclare que « même si les crimes contre l’humanité sont évoqués en ce qui concerne le Hamas ; le Hamas n’est d’abord presque pas mentionné par son nom. Il est presque absent du rapport et aucune mesure n’est exigée contre ceux qui auraient commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité du côté palestinien. Ce rapport ignore entièrement la situation que le Hamas a imposée à Gaza, d’abord aux Palestiniens, ensuite aux Israéliens, dans le sud d’Israël et affirme qu’Israël a agi sans la moindre raison ».