Afghanistan : A qui fait-on la guerre exactement ? Sur quelle base légale du droit international ?
Lorsque les Européens se sont associés aux Etats-Unis pour intervenir militairement en Afganistan, les choses
étaient claires !
L'article V de la Charte de l'Atlantique Nord constituait alors la base légale du droit international qui autorisait les Etats-Unis
et leurs alliés à intervenir militairement en réaction à l'agression dont le territoire des premiers avait été victime le 11 septembre 2001 !
Bien
qu'aucun afghan n'aie participé à l'opération terroriste elle-même, l'ennemi d'alors était constitué par la nébuleuse Al Qaeda dont le leader charismatique s'était autoproclamé coupable par
cassette vidéo et dont un nombre important de camps de formation et d'entrainement militaires étaient situés sur le territoire afghan !
L'Afganistan
était alors gouverné par des Afghans, des chefs de guerre soudainement qualifiés de Taliban par les observateurs occidentaux !
L'Afghanistan ne
parvenant pas à (ou ne souhaitant pas) mettre un terme à ces activités d'entrainement de groupuscules armés - composés quasi exclusivement de ressortissants non autochtones - ayant
des visées teroristes, l'intervention militaire sur le sol même de ce Pays souverain trouvait alors toute sa légitimité en regard de la base légale évoquée ci-avant !
Aujourd'hui, l'Afganistan est gouverné par un gouvernement " démocratique" qui non seulement accepte la présence sur son sol de troupes étrangères, mais " tolère" que
les opérations militaires des " alliés " ciblent ouvertement les Taliban (ses opposants politiques), qu'ils soient afghans ou pakistanais !
N'y-a-t-il pas un changement radical des buts de guerre par rapport au but légitime initial ? L'intervention militaire garde-t-elle du même coup toute sa légitimité en regard du droit
international ?
Qui s'en est réellement inquiété ? Qui s'en inquiète aujourd'hui ?
Les Etats, de plus en plus
nombreux (comme toujours, nombreux sont ceux qui viennent au secours de la victoire, c'est bien connu !), qui sont aujourd'hui engagés militairement sur un territoire qui n'est pas le leur, sans
mandat vraiment approprié de l'ONU, pour prendre part à une guerre civile qui ne veut pas dire son nom ? Les autorités gouvernementales, militaires et diplomatiques nationales, évidemment (cf.
notamment à cet égard la position du nouveau chef d'Etat major des armées Amiral Guillaud, chef d’état-major des
armées : « Permettre aux forces afghanes de prendre le relais »). Mais représentent-elles à elles seules la nation ? Sont-elles dépositaires à elle seule de la souveraineté nationale (cf.
De la souveraineté nationale
en vertu des dispositions de la Constitution de la République française) ?
Lorsque les Parlements de ces mêmes Etats statuent à propos du maintien - ou
non - des forces militaires nationales dans ce type de conflit (cf. Pouvoirs constitutionnels du Parlement français en
matière d'intervention extérieure ), débattent-ils vraiment autour de ce type d'interrogation ? Une interrogation des plus fondamentale, vous en conviendrez !
Il semble qu'aujourd'hui, " chevaucher en héraut " aux côtés de l'hyper " gendarme-pompier-pyromane-sauveur " constitue en soi un but suffisant pour
engager sans limite de durée ni d'objectifs des citoyens dans un conflit armé, que celui-ci dise ou non son nom ! Et pour mieux justifier la collusion, ne pas hésiter à créer et propager des
amalgames comme celui qui consistent à confondre Al Qaeda et Taliban, " tous des terroristes ", évidemment !
On peut ne pas soutenir du tout les objectifs
politiques et religieux des Taliban et refuser en même temps de les diaboliser indistinctivement ! Agir autrement présente un risque politique particulièrement élevé qui mérite qu'on s'y attarde
en responsabilité, sauf à accepter de pâtir ensuite de postures intenables ailleurs dans le Monde (au Proche Orient, par exemple) !
Tout celà mériterait quand même de vrais débats démocratiques ! Y compris au Parlement européen avant que l'Union européenne se sente pousser des ailes trop
longues qui la conduiraient à " se la jouer à la cow boy " ....
Pour le moment, ni la presse (internationale, nationale, régionale), ni les
diplomaties nationales, ni les représentations parlementaires ne semblent souhaiter que de tels débats se développent à cet égard, tout au moins de façon transparente !
On les comprend d'autant mieux que lorsque de tels débats se tiennent effectivement sur la place publique, des gouvernements chutent (cf. ce qui s'est
produit aux Pays-Bas) !!!
Mais qu'en pensent les citoyens français qui sont, c'est une évidence qu'il est parfois bon de rappeler au personnel
politique et administratif, les seuls détenteurs de la souveraineté nationale, aucun groupe ne pouvant s'arroger le droit de s'y substituer pour statuer en leur nom sur des sujets
qui relèvent intrinséquement de l'ordre constitutionnel (cf. De la souveraineté nationale en vertu
des dispositions de la Constitution de la République française) ?
Leur a-t-on demandé ?
Le cas Domenech
est certainement très intéressant !
Mais il semble qu'il y ait des sujets un peu plus sérieux qui mériteraient un traitement autre qu' " au-dessus de la
jambe " !
Le Président de la République ne cesse d'appeler à une République irréprochable ! Et nous avec lui !
Dont acte !