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Publié par ERASME

Parmi les mots tabous du social-conformisme figurent en priorité « Etat » et « citoyen », remplacés par « société de marché » et « individu » : en deux décennies, la vision du monde que se font les dirigeants a été pervertie par l’idéologie libérale, et les gouvernements se réclamant de la gauche ont fait preuve à cet égard d’un zèle particulier. D’où une véritable atomisation de tous les collectifs et, de la part de ceux qui sont censés le servir, d’un laminage systématique de l’Etat en tant que garant du bien commun. La politique ne semble plus avoir d’autre objet que de détruire le politique et l’action publique.        

Aperçu

Au cours des vingt dernières années, partout dans le monde, l’Etat a fait l’objet d’une redéfinition restrictive et réductrice de son rôle et de ses pouvoirs. Sa souveraineté monétaire et militaire, tout comme sa capacité de régulation de l’économie, de l’information et de la communication, s’en sont trouvées amoindries et amputées, parfois réduites en lambeaux. Il en va de même de sa représentativité et de sa crédibilité : pour l’opinion, il est devenu un acteur de plus en plus faible et impuissant face aux entreprises mondiales et aux « marchés ». Ce ne sont pas seulement les néolibéraux et les conservateurs qui mènent la croisade contre l’Etat. Nombre de démocrates en Amérique du Nord, au Japon et en Inde, ainsi qu’une grande partie des sociaux- démocrates et des socialistes d’Europe sont devenus leurs alliés. Pourquoi une telle évolution, en particulier chez des dirigeants se réclamant de la gauche ?

Les explications les plus courantes renvoient généralement à la « crise » de l’Etat du bien-être ou Etat social ( Welfare State) et à celle de l’Etat-nation. Elles sont cependant insuffisantes pour comprendre les mécanismes d’auto-dépossession de la puissance publique mis en oeuvre par les dirigeants de la plupart des pays. Il faut sans doute y voir également les conséquences de la mutation radicale de leur manière de voir la société, de la nouvelle narration qu’ils s’en font, et qui s’articule autour de cinq éléments-clés : l’individu, le marché, l’« équité », l’entreprise et le capital. Avec, au bout du compte, une déconstruction de fond en comble du « politique ».

Mis en place après la grande crise du capitalisme financier des années 1929-1932 et la seconde guerre mondiale, l’Etat du bien-être était l’aboutissement des luttes sociales du XIXe

siècle et de la première moitié du XXe. Il a représenté un compromis entre les forces du capital et celles du travail, permettant une allocation des ressources disponibles et une redistribution des gains de productivité plus juste et plus solidaire qu’auparavant. D’où, (...)

Taille de l’article complet : 2 810 mots.

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Source : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/08/PETRELLA/12326

Voir également :

 * Retour sur images : Le social-libéralisme est-il le logiciel de pensée de la gauche hollandaise par conviction ou par défaut ? Entretien avec Michel Rocard (Atlantico.fr)

 * Retour sur les fondements théoriques du "social-libéralisme" - Crise, renouveau et limites de la social-démocratie, par Jean Lojkine     

 * Social-libéral non, social-démocrate oui... Et pendant ce temps-là, les Français changent leur rapport à l’entreprise (Atlantico.fr)

 * Où en est la fameuse 'troisième voie' ?      

 

 

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