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Publié par Patrice Cardot

Regards-citoyens.com recommande très fortement à ses lecteurs intéressés par la place de Charles de Gaulle et de Jean Monnet dans le processus de construction européenne la lecture de ce mémoire passionnant réalisé en 1989 par un étudiant en sciences politiques, Aloys Rigaut !

Au moment où tout le monde s'interroge sur le projet européen et son éventuelle réorientation, ils découvriront ce qui opposait comme ce qui rapprochait ces deux grandes personnalités politiques françaises à l'égard du projet de construction européenne !

En voici l'introduction :

" Il pourrait sembler quelque peu provocateur de mettre sur un pied d'égalité le général de Gaulle & Jean Monnet face à "l'Europe", tellement le culte européen du second éclipse l'oeuvre du premier, c'est-à-dire de considérer comme comparables leurs contributions respectives à la "construction européenne" ; pourtant, il n'en est rien : De Gaulle & Monnet furent, chacun à leur manière, deux grands Européens, deux visionnaires, deux "constructeurs". Il faut cependant bien entendu noter que la postérité leur a donc réservé un sort très différent, Monnet ayant été "panthéonisé" comme le "Père de l'Europe" alors qu'une image d'anti-européen colle avec obstination à la figure de De Gaulle, ce qui est historiquement éminemment dommageable étant donné le sincère "européanisme" de ce dernier. Certes, les rapports tendus entre les deux personnages accentuent encore plus la difficulté de toute tentative de rapprochement entre les deux, mais il faut, d'une part, noter que cette rivalité, qui a amené de Gaulle, un jour de colère, à surnommer Monnet "l'Inspirateur", n'excluait ni un respect mutuel ni des moments de coopération, et d'autre part, qu'elle trouvait sa source autant en une différence de caractère qu'en une différence de vision de l'Europe, fondée sur une perception différente de la force du sentiment national.

Quoi qu'il en soit, les chemins de De Gaulle et de Jean Monnet, aussi grand soit le contraste qui les éloigne, ne cessèrent de se croiser au cours de leur long chemin vers cet horizon qu'était "l'Europe" : s'étant connus à Alger, en pleine seconde guerre mondiale, et destinés à jouer un rôle primordial dans l'après-guerre, ces deux "Pères de l'Europe" avaient en effet profondément conscience de la nécessité d'élever cette Europe, "fille de la seconde guerre mondiale", tout en s'opposant sur la manière. Ce sont ces deux héritages qu'il s'agira ainsi de démêler tout en se demandant quels furent les apports respectifs de De Gaulle et de Jean Monnet face à l'édification de "l'Europe".

En liant de façon abrupte les deux hommes par la conjonction de coordination "et", avec le contraste provocateur que l'on a souligné, le sujet invite en effet clairement à une analyse comparative de leur oeuvre européenne respective, c'est-à-dire par conséquent aussi à se demander s'il faut les opposer ou au contraire montrer leur complémentarité. L'un était-il plus "européen" que l'autre ? Quelle était leur vision respective de l'Europe ? Etaient-elle contradictoires ? En outre, l'expression "face à l'Europe" implique, d'une part, l'idée d'une relative indépendance conceptuelle de l'Europe (si bien que l'on peut se demander si finalement De Gaulle et Monnet n'avaient pas un même "horizon" tout en divergeant sur la "méthode", étymologiquement le "chemin vers"), et, d'autre part, l'idée d'une certaine conscience mutuelle de la nécessité de la "construction européenne" (le chemin, justement, vers "l'Europe", l'idée européenne), comme s'il s'agissait d'un phénomène qui les dépassait amplement mais qu'ils tentaient de diriger dans le sens de leur vision anticipatrice. Ces deux "prophètes" ont ainsi donné à l'Europe en construction deux héritages bien distincts qu'il s'agira de mettre en lumière : l'Europe est-elle ainsi aujourd'hui plus la "fille" de Monnet ou de De Gaulle ? Si Monnet fut le Père & l'Inspirateur de l'Europe, de Gaulle n'en fut-il pas au moins le Tuteur ?

On le voit, il est urgent, en ces temps d'accélération de la construction européenne, de réévaluer les contributions respectives de ces "deux Français éminents" (J.-B. Duroselle). Pour cela, il s'agira tout d'abord de briser le double mythe qui les entoure (l'internationaliste apatride, l'homme des Américains, d'un côté, le général nationaliste & anti-européen, de l'autre) & de les relégitimer en tant que deux européens "visionnaires" (I), avant de montrer que, bien que prônant deux "méthodes" différentes & /donc rivales, de Gaulle & Monnet avaient finalement en vue un horizon sensiblement identique (II), et d'étudier enfin les raisons d'un si grand contraste dans le jugement historique de leur contribution respective à "l'Europe" ainsi que les enjeux de ce double héritage pour une Europe fragilisée par les évolutions internationales récentes & désormais orpheline de ses deux "prophètes" (III). "

Eclairant quand bien même, comme l'affirmat jadis John Fitzgerald Kennedy :

 "Nous avons besoin d’hommes capables d’imaginer ce qui n’a jamais existé "  

Voir le mémoire : http://aloys.rigaut.free.fr/pdf/dgjm.PDF

 

 

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S
Si vous trouvez trois A, prière de les rapporter à la France
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