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Publié par Patrice Cardot

Après le difficile début de Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept ont cherché vendredi 5 mars à mettre à profit la discussion sur le futur service d'action extérieure de l'UE pour repartir du bon pied.


Réunis de manière informelle à Cordoue, ils ont mis en scène à leur arrivée un front uni derrière la Haute représentante et ont appelé à la fin des dissensions internes qui ont jusqu'à maintenant hypothéqué le rôle plus important que l'UE souhaite jouer dans les affaires du monde.


" Je considère que les critiques contre Catherine Ashton sont inappropriées. L'Europe doit parler d'une seule voix, c'est seulement comme cela qu'elle est forte ", a insisté, à une dizaine de reprises, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.


Son homologue britannique, David Miliband, comme le reste des chefs de la diplomatie des Vingt-Sept, a insisté sur la " nécessité pour l'Europe d'avoir une politique étrangère forte ".


" Il est très important que nous commencions cette nouvelle étape de la politique étrangère européenne en étant clairs sur la responsabilité des 27 ministres et des 27 pays de confier un mandat clair aux nouvelles institutions et à la nouvelle Haute représentante dans la poursuite de cette politique ", a-t-il dit.


Bernard Kouchner, de son côté, est resté plus discret et a simplement fait valoir qu'il y avait "beaucoup de travail".


" S'organiser pour être entendus "


La France a été le pays le plus critique sur la manière dont Catherine Ashton s'est acquittée de sa tâche depuis son entrée en fonctions en décembre et cette dernière a d'ailleurs pris la peine de faire un arrêt à Paris sur le chemin de Cordoue.


Elle y a rencontré vendredi matin Bernard Kouchner, le ministre de la Défense, Hervé Morin, et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte.


L'entourage de la Britannique insistait vendredi sur le fait qu'il n'y a jamais eu de véritable différend avec les autorités françaises et que les échanges de ces dernières heures ont simplement permis de lever quelques malentendus liés aux responsabilités de la Haute représentante - que Paris souhaite voir être respectées - en matière de nomination, d'instruments financiers ou de direction des affaires militaires.


Plus tôt dans la semaine, Catherine Ashton avait cherché à reprendre la main en présentant aux ambassadeurs des Vingt-Sept sa vision du service diplomatique européen, créé par le traité de Lisbonne et auquel doivent participer des fonctionnaires de la Commission et du Conseil des ministres de l'UE, ainsi que des diplomates de Etats membres.


" Nous devons nous organiser pour être entendus. Si nous sommes capables d'agir de manière unifiée sur la scène mondiale, nous pourrons préserver nos intérêts. Si ce n'est pas le cas, d'autres prendront les décisions à notre place ", prévient-elle dans l'un de ces documents, que Reuters s'est procuré.


" Nous avons besoin d'un service qui s'assure que, lorsque nous parlons, notre voix est entendue et que, lorsque nous agissons, nos actions font la différence ", poursuit-elle, sans toutefois trancher les questions sensibles des missions, de l'organisation et du fonctionnement politique, institutionnel et financier, qui seront détaillées d'ici l'été.


Intenses discussions


En dépit de la démonstration d'unité vendredi, ces points font encore l'objet d'intenses discussions au sein des Etats membres, de même que les nominations dans les principales délégations de l'Union européenne à l'étranger, dont Pékin, New Dehli, Moscou ou Brasilia.


Si l'ensemble des Vingt-Sept - en particulier ceux qui comme la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne qui ont les diplomaties les plus actives - cherchent à façonner ce nouveau service à leur main, les relations ont aussi été particulièrement tendues entre les institutions européennes.


Dans une lettre adressée à Catherine Ashton, le ministre suédois, Carl Bildt, et David Miliband se sont inquiétés des effets de ces " luttes inter-institutionnelles évidentes ".


" Il y a une demande croissante pour une action de l'UE dans le monde. Cette demande est pour le moment substantiellement plus grande que l'offre. Le SAE est central pour s'assurer que le rôle de l'UE soit renforcé ", écrivent-ils.


L'ensemble des ministres ont appuyé cette demande vendredi mais, confiait-on de source diplomatique, le fait même que cette lettre ne soit cosignée que par deux ministres, que d'autres petits pays - Slovénie, Lettonie, Lituanie et Chypre - aient écrit leur propre lettre et que l'Allemagne et la France aient eux-aussi fait part de leurs positions de manière individuelle en dit long sur la persistance de divergences.


Le service d'action extérieure doit être sur pied au cours du second semestre 2010 et emploiera jusqu'à 8.000 personnes, dont 2.000 à 3.000 diplomates.

 
Source : Reuters

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