Des pays du G20 s'opposent aux normes voulues par les Etats-Unis
Les ministres des Finances des 20 pays les plus industrialisés de la planète (G20) ne devraient pas parvenir à un accord les engageant à s'abstenir de toute dévaluation monétaire et à limiter les déséquilibres de leurs comptes courants, a-t-on appris jeudi auprès d'une source interne au G20.
La proposition a été rejetée par la Chine et l'Inde, d'autres pays émergents, ainsi que par l'Allemagne qui affiche un excédent important de ses comptes courants, a précisé la source, ayant une connaissance directe des discussions.
La Russie avait auparavant fait part de son scepticisme vis-à-vis de cette initiative.
" Nous sommes (...) opposés à toute forme de normes internationales sur les changes ", a dit la source en référence à la position prise par la Chine, l'Inde et l'Allemagne sur le sujet qui pourrait néanmoins être abordé lors de la réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G20 prévue vendredi et samedi à Gyeongju, en Corée du Sud.
Les grands argentiers du G20 lanceront formellement leur réunion vendredi afin de préparer le sommet du G20 qui se déroulera les 11 et 12 novembre, sur fond de discorde politique et de différends quant à la meilleure façon de régler la question des déséquilibres commerciaux et économiques internationaux.
Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a toutefois dit à la presse que la réunion de vendredi ne devrait pas porter sur les changes mais sur l'économie internationale dans son ensemble.
"Aucune notion établie de ce qui est juste"
Dans un entretien au Wall Street Journal, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, a appelé à un accord sur des "normes" concernant les politiques de taux de changes.
" Pour l'instant, il n'y a aucune notion établie de ce qui est juste ", a-t-il déclaré au WSJ. " Nous aimerions que les pays progressent en direction d'une série de normes sur la politique des taux de changes. "
Parallèlement à cela, des rumeurs ont circulé selon lesquelles il serait demandé à certains pays de s'engager à limiter leurs déséquilibres en matière de comptes courants.
" C'est une prise de position des Etats-Unis et de certains autres pays qu'ils ont transformée en document de travail. La rédaction du communiqué (final) ne commencera que vendredi soir après les premières tables rondes entre les ministres des Finances et les banquiers centraux ", a dit la source.
Le communiqué final devrait faire une référence plutôt légère aux questions des changes et des comptes courants, a souligné la source.
Cette dernière a ajouté que l'Inde, l'Allemagne et quelques autres pays avaient promptement dit jeudi aux Etats-Unis qu'il n'était pas question de limiter artificiellement les excédents de comptes courants.
"Un 'package' de réformes"
" Les économies émergentes incluant l'Inde, la Chine, ainsi que l'Allemagne, ont plutôt suggéré la mise en place de réformes structurelles ainsi que la résolution des problématiques 'changes' et 'comptes courants' dans le cadre d'un 'package' de réformes ", a dit la source.
" Si les Etats-Unis persistent dans cette voie, nous nous y opposerons ", a-t-il ajouté en référence aux déclarations de l'Inde, la Chine et l'Allemagne.
Des diplomates ont dit que Washington avait proposé de limiter les excédents ou les déficits de comptes courants à 4% de leur produit intérieur brut (PIB).
Rainer Brüderle, le ministre allemand de l'Economie, a toutefois dit qu'il était opposé à des objectifs chiffrés.
Le vice-ministre russe des Finances, Dmitri Pankin, a critiqué la pression croissante des Etats-Unis sur les pays émergents, en particulier la Chine, alors que la politique économique américaine incite les flux financiers à se diriger vers les pays en développement, ce qui accroît les pressions haussières sur leur monnaie.
Timothy Geithner a pourtant estimé que les principales monnaies internationales étaient désormais globalement équilibrées, tandis qu'une coopération sur les changes permettraient une appréciation plus rapide du yuan, que le secrétaire d'Etat au Trésor juge toujours sous-évalué.
Les récentes actions de plusieurs pays en développement, dont le Brésil cette semaine, pour juguler la progression de leurs devises et protéger leurs exportateurs, ont relancé les rumeurs de "guerre des monnaies".
" Une guerre de monnaies peut très vite tourner à la guerre commerciale. Tous les pays du G20 doivent prendre leurs responsabilités pour éviter une escalade ", a ainsi mis en garde Rainer Brüderle.
Source : Reuters