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Publié par ERASME

Quatre mois après leur communiqué du Bourget, Cassidian (EADS), Dassault et Alenia (Finmeccanica) ont dévoilé leur projet de drone de renseignement européen du futur à la DGA, a-t-on appris de sources concordantes. La réunion, qui a eu lieu le 18 octobre dernier, s’est tenue en haut lieu puisque Bernhard Gerwert, Eric Trappier et Giuseppe Giordo - les PDG respectifs des trois industriels - se sont déplacés pour tenter de convaincre Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement du bien-fondé de leur démarche. Et quelle démarche, puisqu’il s’agit de ressusciter feu le projet franco-allemand Talarion, celui-là même que l’avionneur français n’avait eu de cesse de torpiller avant que Paris puis Berlin ne l’enterrent il y a deux ans.

Humiliés par la décision de Jean-Yves Le Drian d’acheter des Reaper de l’Américain General Atomics, EADS, Dassault et Finmeccanica ont, dans une sorte de baroud d’honneur, profité du Salon du Bourget pour annoncer une sainte alliance dans les drones MALE (moyenne altitude longue endurance). Pourtant, si le ministre de la Défense français a été contraint de choisir américain, c’est parce que les industriels concernés et leurs Etats respectifs ont été incapables - après 20 ans d’atermoiements et beaucoup d’argent dépensé - de faire naître une filière industrielle européenne autonome. «Chiche. Venez nous démonter que ce que vous proposez n’est pas qu’un simple communiqué de presse», leur ont répondu la DGA et le cabinet de Jean-Yves Le Drian.

EADS, leader industriel

Rendez-vous a donc été pris pour le 18 octobre. Qu’en est-il ressorti ? Dans les grandes lignes, les trois industriels se seraient mis d’accord pour repartir de Talarion, toiletté de ses défauts de jeunesse, avec la possibilité de mettre de l’armement à bord. Que tout cela coûterait 1 milliard d’euros à développer, mais que le prix de production d’un système (un système correspond à un nombre de drones, trois par exemple, avec tout ce qu’il faut de stations aux sols pour les opérer) dépendra du nombre de... systèmes achetés.

La répartition des tâches serait la suivante : la plate-forme pour EADS, tout le système pour Dassault, et les équipements pour Alenia. L’identité du leader industriel n’a pas été dévoilée, mais il se murmure que ce serait EADS, et que Dassault aurait accepté. Point important enfin : messieurs Gerwert, Trappier et Giordo ont lié leur engagement à la condition non négociable qu’un des trois pays potentiellement intéressés - Allemagne, France et Italie - assume le rôle de contractant unique au profit des deux autres, histoire d’éviter les foires d’empoigne de la plupart des projets européens d’armement précédents. «Le leader industriel sera choisi par les industriels. Mais on veut qu’il n’y ait qu’un seul donneur d’ordre», confirme-t-on dans leur entourage.

Projet «FeMALE»

Pour la petite histoire, les trois impétrants ont un temps imaginé de baptiser leur bébé «FeMALE» pour «Future european Male», mais se sont vites ravisés, craignant que l’acronyme ne leur vaille quelques railleries de mauvais aloi... Prudents, ils se sont rabattus sur un plus classique «MALE 2020», histoire de fixer un cap. Précisément, si une étude de faisabilité démarrait en 2014, EADS, Dassault et Alenia s’engagent à livrer l’appareil en 2022.

Et c’est là tout le problème. Faute d’argent pour le moment, faute - pour l’instant du moins - de volonté politique réellement affirmée à Paris, Berlin et Rome, rien n’est prévu pour démarrer ces études, absolument nécessaires pour vérifier que «MALE 2020» tient la route. Un document plus précis va être remis de part et d’autre du Rhin d’ici à la fin novembre. Il permettra au moins d’instruire la liste des projets potentiels discutés lors du volet défense du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement européens de décembre.

D’ici là, la France aura pris possession des deux premiers des 12 Reaper qu’elle entend acheter. Lesquels Repear voleront jusqu’en 2025 au moins. Si «MALE 2020» voit le jour, ce ne sera donc pas tout de suite. Pour appuyer sur le bouton de départ, il faudra aussi que les armées de l’air française et allemande au moins se mettent d’accord sur un besoin commun qui ne soit pas, c’est ce qui a tué Talarion, la somme de leurs besoins. Il faudra aussi démontrer par A plus B que l’heure de vol de ce drone européen ne soit pas beaucoup plus élevée que celle des Reaper. L’autonomie industrielle européenne pourquoi pas, mais pas à n’importe quel prix. La DGA n’a pas oublié de le rappeler à EADS, Dassault et Alenia le 18 octobre.

Source : http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/air-defense/actu/0203104660016-drone-dassault-eads-et-finmeccanica-levent-le-voile-sur-leur-projet-625274.php



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