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Du soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens : premiers éléments d'analyse
Comme l'écrit Nicolas Gros-Verheyde sur son blog, " Les points chauds éclatent dans le pourtour de l’Europe. Et c’est l’épreuve du feu pour le service diplomatique [européen]. Avec un choix fait par Cathy Ashton de ne pas envoyer de réponse politique directe mais de demander aux directeurs de département du service diplomatique de monter au front et d’aller en premier contact. ... "
Car l'effet domino, ou l'effet boomerang (cf. Tunisie : "effet domino ou effet boomerang ?", par Hélène Sallon (Le Monde)), des soulèvements populaires en chaîne crée soudainement, en quelques semaines, un contexte stratégique et de sécurité nouveau dans cette région méditerranéenne où des jeux et des enjeux aussi divers que complexes se combinent tout en gardant aussi, quelque part, leurs ressorts propres !
Parmi les protagonistes de ces différents jeux et enjeux figurent, outre les Etats arabes de cette région et leurs partenaires européens, des acteurs stratégiques majeurs tels que les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Iran, les Etats du Golfe sans oublier naturellement l'Etat d'Israël !
Le soutien appuyé de la diplomatie américaine aux mouvements socio-politiques dans les Pays tiers méditerranéens est salué par les démocrates du monde entier, et plus particulièrement par celles et par ceux qui attendent de ces mouvements un renouveau du paysage politique en Méditerranée !
S'il s'inscrit de toute évidence dans le cadre de la nouvelle politique de sécurité américaine voulue par le Président Obama et son équipe rapprochée - un président qui est en mal de reconquête politique (cf. Atteint aux Etats-Unis, Obama va devoir miser sur la diplomatie) -, il participe aussi d'une volonté nouvelle de l'administration américaine de redorer le blason du Pays de la Liberté dans un monde arabe qui ne comprend toujours pas pourquoi l'hyperpuissance américaine ne parvient pas à sortir le Proche Orient du 'bourbier' israélo-palestinien !
Après avoir cherché à projeter son propre modèle de sécurité, de stabilité et de démocratie au Moyen-Orient avec le succès que l'on connait, l'administration américaine s'est employée à corriger sa stratégie de sécurité nationale en y intégrant une approche résolument différente de la projection de la stabilité, de la sécurité et de la démocratie (cf. à cet égard De la démocratie dans la stratégie de sécurité des Etats Unis - nouvelle édition - ; voir également Projeter la stabilité et propager la sécurité : deux éléments clé de la doctrine européenne qui font de plus en plus débat ! )
Or, force est d'observer que la conjonction des mouvements de révolte populaire et l'affaiblissement simultané de l'Etat iranien participent indubitablement à affaiblir les soutiens arabo-méditerranéens et musulmans de l'autorité palestinienne en même temps qu'elle participe à renforcer la sécurité de l'Etat d'Israël eu égard aux nouvelles priorités sécuritaires des dirigeants arables qui résultent de ces explosions 'spontanées' qui ont trouvé dans une situation économique et sociale extrêmement anxiogène des ressorts supplémentaires !
L'action simultanée et combinée de l'Union européenne dans cette région comme à l'égard de l'Iran, en même temps qu'elle négocie un partenariat stratégique important avec la Russie (cf. Partenariat UE- Russie : état des lieux ! ), favorise de toute évidence un rééquilibrage des rapports de force au sein de ce vaste espace euroméditerranéen quand bien même les perceptions populaires tendent à incriminer un favoritisme aveugle au profit de l'ami et allié israélien auquel les Européens ont consenti, il est vrai, en total décalage avec les usages antérieurs et en toute discrétion, le bénéfice d'un statut tout à fait exceptionnel, quelques jours avant le début de l'opération 'Plomb durci' !
Une telle grille de lecture permet de mieux comprendre les positions actuelles des protagonistes du processus de paix telles qu'elles ressortent simultanément des annonces et/ou des fuites qui les concernent (cf. à cet égard notamment Al-Jazira révèle des documents explosifs sur les négociations au Proche-Orient ainsi que Révélation de documents sur le Proche-Orient : "Israël avait un partenaire pour la paix" (Le Monde.fr) )
Si la concordance des évènements que nous observons ici pouvait au final conduire à la concorde des Etats palestinien - en devenir - et israélien, quel démocrate pourrait s'en plaindre, même si, de toute évidence, les positions israéliennes bénéficient aujourd'hui, et plus que jamais, de conditions extrêmement favorables ?
Pour autant, dans l'hypothèse où tous ces processus improbables venaient à produire les effets heureux qu'on en attend, il restera encore à construire collectivement dans cet espace fragile des valeurs partagées pour une nouvelle réalité, en même temps que des réponses collectives efficaces aux grands défis globaux qui continueront de peser sur les Etats, sur les peuples, sur les nations autant que sur les modèles et systèmes politiques, économiques, culturels et sociaux qui cohabitent, tant bien que mal, dans cet espace. Des défis qui, par nature, se jouent des frontières !
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Voir également :
* L'Occident amené à repenser son lien avec le monde arabe