Grèce : la BCE pointe les risques d'une restructuration de la dette (Les Echos)
Le chef économiste de la banque centrale européenne, l'Allemand Jürgen Stark, tout en écartant les risques de défaut du pays, estime qu'une réorganisation de la dette grecque aurait des conséquences difficilement calculables pour la zone euro.
La Banque centrale européenne s'inquiète des conséquences graves pouvant affecter l'ensemble de la zone euro en cas de restructuration de la dette grecque, un sujet qui hante ces temps-ci la communauté financière. Le membre du directoire de l'institution et son chef économiste, l'Allemand Jürgen Stark, estime qu'il « ne faut pas sous-estimer les conséquences négatives considérables qu'auraient une restructuration de la dette non seulement pour ce pays mais pour la zone euro en général », selon un discours qu'il a prononcé ce vendredi 13 mai à Aix-la-Chapelle (Allemagne).
Jürgen Stark réfute d'emblée l'hypothèse d'un défaut de paiement de la Grèce comme déclencheur de la restructuration de sa dette. « Cette hypothèse est fausse. Les programmes d'aide de l'UE et du FMI sont partis d'une capacité [du pays] à supporter le poids de la dette », indique-t-il. Ces programmes sont sous étroite surveillance chez les deux institutions concernées, en ajoutant la BCE.
Il n'empêche, les risques politiques et économiques sont « très étendus et difficilement calculables » en cas de restructuration de la dette publique d'un pays industriel qui entretient des relations étroites avec les marchés financiers, prévient-il. Dans cette hypothèse, le gouvernement du pays concerné se verrait ferme l'accès aux marchés financiers pour une durée indéterminée et serait dépendant d'aides financières pour son refinancement. La Grèce reçoit déjà une aide considérable de l'Union Européenne en liaison avec le FMI. Il est en outre fort à parier que « les risques pour la stabilité sur les marchés financiers pourraient être élargis à d'autres pays européens. L'idée de pouvoir réduire une crise budgétaire par une simple réduction de la dette est une illusion », assène l'influent membre de la BCE.
Au plan économique, l'adoption d'un plan de réduction de la dette conduirait à ce que les perspectives de croissance soient revues à la baisse, du fait de décisions d'investissements pouvant être repoussées sur la base d'une trop forte insécurité. De manière générale, Jürgen Stark pointe une spirale de risques liés à une croissance minorée, en commençant par un impact sur la capacité du pays concerné à supporter son endettement. Au-delà, les systèmes bancaires des pays visés seraient dans certaines conditions acculés à la faillite, et les gouvernements seraient poussés à s'endetter pour assurer la stabilité du pays.
De surcroît, le chef économiste de la BCE ne croit pas qu'une réduction administrée de la dette puisse résoudre les problèmes économiques et structurels générés avec le déclenchement de la crise. La probabilité serait alors grande de voir les incitations à poursuivre les réformes revues à la baisse chez les gouvernements concernés. « Une telle atténuation [dans la poursuite des réformes] aurait des conséquences désastreuses pour la crédibilité des programmes d'aide déjà octroyés par l'UE et du FMI , à savoir en Grèce, en Irlande et au Portugal.