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Publié par Jean Poche

Les dirigeants de l'UE ont consacré lundi 30 janvier l'existence d'une Europe allemande fondée sur le modèle d'austérité et de stabilité budgétaire promu par Berlin, même s'ils ont tout au long de la journée plutôt cherché à mettre l'accent sur le volet croissance de leurs politiques. (voir la déclaration : Déclaration des membres du Conseil européen(1) sur la voie d'un assainissement axé sur la croissance et d'une croissance favorable à l'emploi (Bruxelles, 30 janvier 2012))

Au delà de cette double discussion austérité-croissance, difficile à concilier, l'objectif du sommet - rassurer les investisseurs sur la capacité des Vingt-Sept à résoudre la crise de la dette dans laquelle elle est plongée depuis plus de deux ans - reste toutefois suspendu aux discussions en cours sur le plan de restructuration de la dette grecque.

Alors que les marchés ont fortement reculé lundi face à l'incertitude pesant sur l'issue des négociations, les dirigeants européens ont appelé à sceller un accord définitif sur le deuxième plan d'aide à Athènes d'ici la fin de la semaine.

Le Premier ministre grec Lucas Papademos s'est réuni après le sommet européen de Bruxelles avec des responsables de l'UE et de la Banque centrale européenne afin de discuter des détails du plan en cours de négociation avec les créanciers privés d'Athènes.

Le membre allemand du directoire de la BCE Jörg Asmussen, ainsi que le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, les présidents de la Commission et du Conseil européen, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn et le ministre grec des Finances Evangelos Venizelos ont participé à la réunion.

"Des progrès significatifs ont été faits", a déclaré Lucas Papademos après la réunion, avant de rappeler que son objectif était de conclure un accord d'ici la fin de la semaine.

Comme prévu, le sommet de Bruxelles a auparavant été l'occasion d'envoyer un message fort sur la détermination politique de la zone euro à se doter de règles de fonctionnement plus fortes et de mécanismes d'urgence puissants.

PACTE BUDGÉTAIRE

Les Vingt-Sept se sont à la fois entendus sur le futur Mécanisme européen de stabilité (MES), qui entrera en vigueur en juillet 2012 et sera doté d'une capacité effective de prêt aux pays en difficulté de 500 milliards d'euros.

Vingt-cinq d'entre eux ont par ailleurs endossé le nouveau pacte budgétaire européen sur lequel ils s'étaient entendus lors d'un précédent sommet le 9 décembre (voir la déclaration : Communication des États membres de la zone euro (Bruxelles, 30 janvier 2012)).

Seules la Grande-Bretagne et la République tchèque ont dit qu'elles ne signeraient pas ce pacte, qui limitera à 0,5% leurs déficits primaires annuels sur l'ensemble du cycle économique et prévoit des sanctions automatiques pour les pays dont le déficit passerait la barre des 3% de Produit intérieur brut (PIB).

Ce pacte est largement inspiré des vues défendues par l'Allemagne et la Banque centrale européenne, qui le considère comme la première étape vers une union budgétaire pleine et entière au sein de la zone euro.

S'il produira des effets à moyen et long terme, le pacte ne devrait toutefois pas exonérer les Européens d'une discussion dès février sur l'opportunité d'assouplir leurs objectifs de déficits afin de protéger la zone monétaire commune d'une trop forte contraction de l'activité économique.

Lundi, l'Espagne a annoncé qu'elle était sur le point de glisser dans une longue récession après avoir enregistré en recul de 0,3% sur le dernier trimestre 2011. .

L'économie italienne est également sous pression, même si les coûts de financement italiens ont chuté lundi, signe que le gouvernement de Mario Monti est en passe de rétablir la confiance des investisseurs dans son pays.

ASSOUPLISSEMENT DES OBJECTIFS DE DÉFICIT ?

Rome et Madrid ont réclamé ces dernières semaines que les objectifs de réduction de déficits soient adoucis au sein de la zone euro et que l'accent soit mis sur la croissance afin de ne pas sacrifier l'activité économique sur l'autel de l'austérité.

Lundi, la Commission européenne a ouvert la porte à un assouplissement des critères du déficit espagnol, se montrant consciente qu'il sera très difficile pour l'Espagne d'atteindre ses objectifs en la matière.

De nombreuses voix se sont également élevées pour souligner que les déficits publics dans certains pays n'étaient pas seulement le résultat d'une politique budgétaire et fiscale accommodante mais aussi le reflet des déséquilibres économiques plus profonds au sein de la zone euro et le résultat de l'excédent commercial et la modération salariale en Allemagne.

Seule décision concrète du sommet, les dirigeants se sont entendus pour travailler rapidement à l'utilisation de 82 milliards d'euros de fonds européens encore non programmés sur l'enveloppe budgétaire disponible d'ici 2013.

Ces recettes ont toutefois été utilisées avec un succès inégal depuis dix ans par les autorités communautaires, et peu d'analystes s'attendent à ce qu'elles constituent une formule magique pour sortir le continent de sa pire crise économique depuis plus d'un demi-siècle.

L'UE, qui est au bord d'une nouvelle récession, affiche un taux de chômage moyen de 10%, avec une poussée à près de 25% de la population active et 45% chez les jeunes en Espagne.

 

Source : Reuters

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