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Publié par Jean Poche

La City, première place financière européenne, se prépare à combattre le projet d'Union bancaire présenté le 12 septembre par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso (cf. Discours sur l'état de l’Union 2012, prononcé par José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne (Strasbourg, 12 septembre 2012) ). La "vieille dame permissive" entend échapper à toute supervision communautaire afin de poursuivre sa course aux profits sans entraves. Cette résistance souligne que rien n'a vraiment changé depuis la faillite, le 15 septembre 2008, de la banque américaine d'affaires Lehman Brothers.

Comme le montre la crise de l'euro, les marchés apparaissent plus fort que jamais. De nouveaux maîtres de l'univers - traders à haute vélocité, capital investisseurs ou money market funds (sicav monétaires) - ont remplacé les stars déchues des crédits immobiliers toxiques ou des fonds spéculatifs (hedge funds). Les banques sont plus puissantes que jamais. Même en baisse, les bonus pousse-au-crime continuent de guider les opérateurs. Gouvernements, régulateurs, citoyens semblent plus impuissants que jamais face à un lobby financier d'autant plus efficace que les contre-pouvoirs sont absents. L'échec du mouvement "Occupy" en témoigne ( "Occupy Wall Street a un an", par Mark Greif (Le Monde) ).

La récente vague de scandales bancaires - HSBC, UBS, Libor, Standard Chartered, JP Morgan ... - a mis en exergue les mêmes dysfonctionnements qu'avant le krach financier d'il y a quatre ans : dirigeants mégalomanes et cupides, produits toxiques, ententes illicites, fraudes comptables, politiciens complaisants ou conflits d'intérêts à revendre.

En outre, des marchés essentiels au bon fonctionnement de l'économie, à l'instar de la taxation des taux interbancaires, des prix de l'or ou des cours du pétrole "spot", sont de vraies bombes à retardement parce qu'ils ne sont sont soumis à aucune régulation. Par ailleurs, rien n'a été fait pour combattre le shadow banking, la finance de l'ombre, ou les paradis fiscaux.

Certes, tout n'est pas uniformément négatif. Le G20 a introduit une nouvelle architecture de la gouvernance mondiale. Aux Etats-Unis, la législation Dodd-Franck vise à limiter les opérations spéculatives des mastodontes bancaires. L'Union européenne a créé trois autorités de surveillance financière tout en s'efforçant de limiter les primes de fin d'années. La règle Vickers, en voie d'adoption au Royaume-Uni, doit "sanctuariser" les activités de banques au détail. Et l'accord internationale de Bâle III va obliger les établissements financiers à mettre davantage de fonds propres en réserve pour faire face à leurs engagements.

La gent financière redevue raisonnable, ayant retrouvé le chemin de la prudence un peu ennuyeuse des temps anciens ? On en est toutefois encore loin.

C'est pourquoi, malgré les réformes, s'attaquer aux profonds dysfonctionnements de la planète finance reste le chantier des chantiers. La volonté politique d' "aller au charbon" est présente, mais les résistances des seigneurs de l'argent sont plus fortes que jamais. Or, faute d'un nouvel ordre financier, le capitalisme pourrait de nouveau rencontrer de fortes turbulences. Et ce sont les peuples qui paieront ....

Voir également : 

 * UEM: les questions de long terme sont des questions urgentes (Synthèse de séminaire - Notre Europe)

 * Herman Van Rompuy expose son plan d'avenir pour l'Europe

 * A tale of three trilemmas, by Dominique Strauss-Kahn (Cambridge Union Society (UK) – March 9, 2012)  

 *  Herman Van Rompuy critique les taux d'intérêt imposés à certains pays      

 *  Le prix de l'inégalité, de Joseph Stiglitz     

 *   De l'économie de l'insécurité !  

 

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