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Publié par Patrice Cardot

Aucun véritable spécialiste des questions de régulation financière internationale ignore qu'une part majeure des transactions financières qui participent au chaos financier actuel est le fait, directement ou indirectement, de nombre d'usages erratiques - et non régulés - de la haute technologie financière (modèles mathématiques, progiciels, automates, etc., réseaux ultrarapides). (cf. Du rôle de la technologie dans le dysfonctionnement des marchés financiers et des organisations humaines

Le cas spécifique du "high frequency trading" (source : http://www.lesmotsontunsens.com/le-high-frequency-trading-fait-trembler-la-planete-finance-6997)

 Le "high frequency trading" est un système dans lequel des ordinateurs ultra-puissants décident d'acheter et de vendre des produits financiers, à partir d'informations reçues électroniquement. Avantage : les ordres sont passés en quelques millisecondes. Inconvénient : l'être humain est exclu du processus, autant au niveau de la décision que de la surveillance. Un détail. Actuellement, 60% des transactions réalisées sur les marchés d'actions sont conduites de cette manière. Des milliers de milliards de dollars, tous les jours. Un modèle de capitalisme optimisé...

Un pilote automatique sans surveillance

Mais certains commencent à douter du système. Il y a environ 20 mois, NYSE Euronext, le gérant des bourses américaines et européennes, a condamné la banque Credit Suisse à une amende de 150 000 $ pour quelques centaines de milliers d'ordres erronés passés en 2007. L'opérateur s'était en effet retrouvé bombardé de montagnes de fausses commandes générées par un programme défaillant, ce qui a eu pour effet de ralentir les systèmes boursiers mondiaux. CME Group, institution financière basée à Chicago, est l'objet d'une enquête pour des faits similaires et l'an dernier, la Bourse de Londres a aussi subi une panne de trois heures après l'effondrement de son système de négociation, sous le poids d'un énorme volume de commandes. R2D2 avait encore bogué...

Vers un Madoff 2.0 ?

Frederic Ponzo, associé du cabinet de Conseil GreySpark Partners, a déclaré : "Il est totalement possible qu'un algorithme entrant dans une boucle infinie envoie des ordres à un rythme tel que le système ne puisse faire face". Des dizaines de millions d'ordres erronés envoyés chaque seconde, de quoi "flinguer" les opérateurs boursiers en quelques instants. Tout cela en dehors de toute supervision, comme vient de s'en apercevoir la SEC, le gendarme de la bourse US.

Cette situation inquiète les autorités de régulation des marchés financiers. Jean-Pierre Jouyet, qui préside l'Autorité des marchés financiers en France (Les missions de l'autorité française des marchés financiers (AMF)) en est parfaitement conscient. Comme il est conscient de l'impuissance de son institution à l'égard des dérives qu'elle observe.

Pour autant, à l'exception de la Commission européenne qui a décidé de financer une étude restreinte sur ce sujet (cf. La recherche communautaire enfin sollicitée pour offrir de nouveaux instruments à la prévention des crises financières)aucune enceinte multilatérale ne prend véritablement en charge cette dimension stratégique du problème de la régulation financière !

S'agissant des G7, G8 et G20, comme de l'OCDE, aucune de ces instances n'a pas jugé nécessaire d'inscrire dans ses différents agendas cette question pourtant des plus stratégique !

Cette posture a de quoi surprendre alors même que la France qui a présidé récemment certaines de ces instances multilatérales, et qui héberge les meilleures écoles de mathématiques financières de la planète ainsi que des spécialistes hors pairs des technologies en cause, disposait ainsi d'un avantage comparatif qui l'aurait placée en situation de leader dans un tel exercice !

Mais rien n'est perdu ! Le fonctionnement en troïka de ces enceintes lui offrira d'autres occasions pour requérir que soit inscrite cette question dans leur agenda respectif !

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