Le "pacte de compétitivité" proposé par Paris et Berlin : des avancées, mais pas forcément dans le bon sens (Touteleurope.eu)
Ce matin, la presse française traite le Conseil européen de vendredi sous l'angle du franco-allemand. Les éditorialistes
insistent sur le chemin parcouru, "saisissant et satisfaisant" pour Le Monde, par la chancelière allemande depuis l'an dernier, lorsqu'elle parlait encore d'exclure les mauvais élèves de la
zone euro. Aujourd'hui, "Mme Merkel veut jouer un rôle moteur dans la consolidation de l'Union économique et monétaire. Qu'elle s'affiche en européenne convaincue mérite d'être salué."
[Presseurop].
En revanche, l'accord franco-allemand trouvé la semaine dernière concernant le pacte de compétitivité soulève de nombreuses
questions. Sur la teneur des mesures suggérées ("inscription d'une règle d'or budgétaire dans les Constitutions nationales, contrôle de la politique salariale, réforme des retraites,
harmonisation de l'impôt sur les sociétés", résument Les Echos), Le Monde doute de leur pertinence : "Que l'équilibre des régimes de retraite soit souhaitable pour les
finances publiques est une évidence, mais que le recul à 67 ans de l'âge de la retraite soit nécessairement favorable à la compétitivité d'un pays, comme le suggère l'Allemagne, ne l'est
pas."
Le quotidien en appelle donc à la relance de projets industriels européens, qui pourraient avoir un impact plus grand que
l'amélioration individuelle des compétitivités nationales : les grands projets d'infrastructure européens, notamment en matière énergétique, mériteraient eux aussi de figurer dans le
pacte.
Concernant l'approche suivie, la presse met en garde contre une accaparation par le couple franco-allemand de toute
initiative, au mépris de la Commission européenne : "Ponctuellement, ce dynamisme franco-allemand peut être salutaire. A moyen terme, ce dessaisissement de la Commission d'une partie de ses
prérogatives est dangereux", écrit Le Monde.
Les Echos quant à eux attribuent cette attitude à l'Allemagne seule : "Angela Merkel 2.0" comme ils qualifient la
chancelière "ne fait plus confiance aux institutions communautaires, privilégiées par les Français. Elle préfère l'action coordonnée des gouvernements, à l'anglo-saxonne. La chancelière
allemande tire ainsi froidement les conséquences de l'incapacité de la Commission en général, et de son président en particulier, à s'imposer comme une force d'impulsion, par temps calme comme
dans la tempête. S'amorce ainsi la relance d'une Europe très différente de celle que Paris a longtemps rêvée. Les Français ont-ils un autre projet ?"
Mais il n'y a pas que les institutions communautaires qui pâtissent de "l'offensive" de Paris et Berlin. Le quotidien
économique rapporte la montée au créneau du Premier ministre polonais, Donald Tusk, qui s'est "indigné de la façon dont le couple franco-allemand traite ses partenaires". Pour d'autres Etats,
même parmi les alliés traditionnels de l'Allemagne comme l'Autriche ou les Pays-Bas, il s'agit d' "une ingérence dans leur souveraineté nationale". Le Nouvel
Obs rapporte le refus de la Belgique et du Luxembourg de renoncer à leurs politiques d'indexation automatique des salaires. La confédération syndicale européenne parle aussi
d'un "pacte nuisible" aux conventions collectives qui créera "davantage d'inégalités". Ainsi, s'il y a "un accord sur le besoin d'un tel pacte" selon les mots d'Angela Merkel, sur son contenu,
le débat reste entier.
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