Le procès trop facile des agences de notation (Edito du Monde)
Voilà donc les agences de notation à nouveau accusées de tous les maux, comme au lendemain de la faillite de Lehman Brothers. Elles seraient coupables d'avoir une attitude "criminelle", selon l'Elysée, ou "pousse au crime", selon Bercy, et sont taxées de "milices privées" par Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT.
A l'origine de ces accusations, leur décision d'abaisser les notes de la dette de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne aurait aggravé la crise financière dans la zone euro et conduit Athènes au bord de la faillite. En un mot, sans ces dégradations humiliantes opérées arbitrairement par ces agences Standard & Poor's, Moody's et Fitch, la Grèce n'aurait pas vu ses taux d'intérêt s'envoler et ses besoins de financement exploser.
Il ne faut bien sûr pas négliger le pouvoir d'influence des agences de notation. Il est immense. Le jugement que leurs bataillons d'analystes portent sur la solvabilité des emprunteurs a une incidence directe sur le comportement des investisseurs, sur la composition de leurs portefeuilles et sur ce qu'il est convenu d'appeler l'humeur des marchés.
Il ne faut pas davantage sous-estimer leur capacité à se tromper, souvent lourdement. En accordant par exemple la meilleure note possible - le fameux AAA - à certaines entreprises à la veille de leur déroute, comme le courtier en énergie Enron ou les organismes hypothécaires américains semi-publics Freddie Mac et Fannie Mae. Ou encore en assurant les investisseurs de l'extrême solidité de certains titres financiers ultrasophistiqués adossés à des actifs vérolés à la veille de la crise des subprimes. Plus de transparence sur leurs méthodes est donc nécessaire, comme l'a réclamé le G20.
Pour autant, il ne faut pas se tromper de cible. Dans la crise financière grecque, le principal reproche à faire aux agences de notation, c'est de ne pas avoir su déceler assez tôt que le gouvernement grec truquait ses comptes publics. Et d'avoir, pendant des années, fait confiance à Eurostat, l'office européen des statistiques, qui les validait officiellement. Ou encore de ne pas avoir su deviner plus en amont que les problèmes de compétitivité des pays d'Europe du Sud mettaient en danger leur solvabilité même.
On ne voit guère comment la création d'une agence de notation européenne, surtout publique, comme le suggère la chancelière allemande Angela Merkel, aurait pu empêcher la crise grecque d'advenir. Au contraire. C'est bien d'avis totalement indépendants que les investisseurs qui gèrent l'épargne mondiale ont besoin.
Alors que l'euro est menacé, il est bien sûr naturel que les dirigeants politiques européens cherchent ailleurs que dans leurs propres erreurs et tergiversations des responsables, surtout s'ils sont anglo-saxons. Il est toujours tentant de vouloir tuer le messager porteur de mauvaises nouvelles. Aujourd'hui, pourtant, ce n'est pas de procès en sorcellerie dont la zone euro a besoin, mais de mesures urgentes sur sa gouvernance et ses structures. l'origine de ces accusations, leur décision d'abaisser les notes de la dette de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne aurait aggravé la crise financière dans la zone euro et conduit Athènes au bord de la faillite. En un mot, sans ces dégradations humiliantes opérées arbitrairement par ces agences Standard & Poor's, Moody's et Fitch, la Grèce n'aurait pas vu ses taux d'intérêt s'envoler et ses besoins de financement exploser.
Il ne faut bien sûr pas négliger le pouvoir d'influence des agences de notation. Il est immense. Le jugement que leurs bataillons d'analystes portent sur la solvabilité des emprunteurs a une incidence directe sur le comportement des investisseurs, sur la composition de leurs portefeuilles et sur ce qu'il est convenu d'appeler l'humeur des marchés.
Il ne faut pas davantage sous-estimer leur capacité à se tromper, souvent lourdement. En accordant par exemple la meilleure note possible - le fameux AAA - à certaines entreprises à la veille de leur déroute, comme le courtier en énergie Enron ou les organismes hypothécaires américains semi-publics Freddie Mac et Fannie Mae. Ou encore en assurant les investisseurs de l'extrême solidité de certains titres financiers ultrasophistiqués adossés à des actifs vérolés à la veille de la crise des subprimes. Plus de transparence sur leurs méthodes est donc nécessaire, comme l'a réclamé le G20.
Pour autant, il ne faut pas se tromper de cible. Dans la crise financière grecque, le principal reproche à faire aux agences de notation, c'est de ne pas avoir su déceler assez tôt que le gouvernement grec truquait ses comptes publics. Et d'avoir, pendant des années, fait confiance à Eurostat, l'office européen des statistiques, qui les validait officiellement. Ou encore de ne pas avoir su deviner plus en amont que les problèmes de compétitivité des pays d'Europe du Sud mettaient en danger leur solvabilité même.
On ne voit guère comment la création d'une agence de notation européenne, surtout publique, comme le suggère la chancelière allemande Angela Merkel, aurait pu empêcher la crise grecque d'advenir. Au contraire. C'est bien d'avis totalement indépendants que les investisseurs qui gèrent l'épargne mondiale ont besoin.
Alors que l'euro est menacé, il est bien sûr naturel que les dirigeants politiques européens cherchent ailleurs que dans leurs propres erreurs et tergiversations des responsables, surtout s'ils sont anglo-saxons. Il est toujours tentant de vouloir tuer le messager porteur de mauvaises nouvelles. Aujourd'hui, pourtant, ce n'est pas de procès en sorcellerie dont la zone euro a besoin, mais de mesures urgentes sur sa gouvernance et ses structures.
Source : http://www.lemonde.fr/opinions/