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Publié par Olivier Jehin

Voir la première partie de cet article : Les capacités industrielles militaires critiques (analyse du rapport d'information sénatorial) - première partie -

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Les sénateurs apportent également leur soutien à la poursuite des travaux concernant : les nanotechnologies, la biologie, l'informatique et les sciences de la cognition ; le projet européen de système de positionnement par satellite Galileo ; Andromède, le "nuage (cloud) souverain informatique" à la française visant à protéger les données sensibles stockées hors des murs des entreprises et des administrations nationales.

L'Etat devrait par ailleurs poursuivre ses efforts pour la sécurisation des approvisionnements en matériaux critiques, ne pas renoncer à faire baisser les coûts des équipements militaires, notamment en réexaminant les doctrines d'emploi (l'objectif est ici de de concentrer les moyens budgétaires sur les équipements critiques et d'acquérir des équipements moins gourmandes en technologie pour le reste) et en poursuivant l'action entreprise à l'égard des règles d'acquisition au travers du paquet défense de 2009 et en cherchant à signer avec l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne une lettre d'intention visant à appliquer une "préférence communautaire" à défaut de pouvoir en convaincre le Royaume-Uni. Même si nombre de grands programmes d'armement menés en coopération européenne ont donné des résultats mitigés, certains programmes européens ont été de grands succès (le rapport cite les missiles Air/Air METEOR) et d'autres (comme l'A400M) n'auraient pas existé en déhors de la coopération. "Malheureusement, plus aucun grand programme commun n'est envisagé en Europe. C'est fort dommage car, à condition d'être bien menés et peut-être au prix de l'abandon du principe de juste retour, ces programmes permettent de réduire le coût des équipements. Est-il encore raisonnable de lancer sur une base nationale un nouveau programme de véhicule de transport de troupes terrestres (VBMR) ? Avons-nous vraiment tout tenté pour favoriser une coopération européenne en matière de blindés terrestres ?" écrivent les sénateurs qui ne souhaitent en revanche pas placer trop d'espoirs dans le partage capacitaire qui semble, selon eux, voué à se limiter aux équipements éloignés du champ de bataille (transport aérien, matériel médical ...). Peut-on envisager un partage des moyens de combat (avions de combat, etc. ? Les Belges, les Hollandais, les Danois et les Norvégien semblent vouloir s'y hasarder en raison d'une expérience commune découlant du partage d'un même équipement (F16). "Avec qui la France serait-elle prête à partager son aviation de combat ?" s'interrogent les parlementaires.

Enfin, l'Etat devrait repenser sa stratégie industrielle. Paradoxalement, alors que la stratégie industrielle prend souvent l'avantage sur la stratégie d'acquisition, l'Etat actionnaire - au plus haut niveau de décision - semble avoir cruellement manqué de vision, en particulier dans les secteurs de l'armement naval, de l'armement terrestre et de l'électronique de défense. Il ne s'agit pas de remettre au goût du jour les nationalisations ni un quelconque "mécano industriel", hors de portée financière. Mais l'Etat ne peut se désintéresser de la façon dont les entreprises de défense s'organisent. Or, tout le monde le sait, le marché des équipements de défense européen est trop fragmenté. Il est donc temps que l'Etat mette de l'ordre dans ses participations, puisque les règles du marché, en particulier la directive MPDS, ne joueront pas le ^rôle orthopédique que l'on en attend, surtout si ceux-là même qui l'ont promue, en particulier la France, refusent d'y recourir. (NDLR Regards-citoyens.com : cette observation vaut tout autant pour la mise en place repoussée sine die de la coopération structurée permanente). Les dernières années ont été marquées par la montée en puissance du groupe Dassault comme groupe pivot de l'industrie française, avec sa prise de participation majoritaire au capital de Thalès, puis à travers celui-ci dans DCNS et Nexter. Les sénateurs contestent l'idée même de la constitution d'un champion national qui laisserait l'Etat face à un monopoleur national et le condamnerait à acheter les produits de ce dernier au prix fort. Tout en plaidant au contraire pour la constitution de groupes européens.

Cette analyse a été préalablement publiée dans le n° 538 d'EDD en date du 30 août 2012.

Voir également :

* Le Sénat préconise un renforcement de la cyberdédense en France

* La Défense française privée de marges de manoeuvre pour investir

* De la puissance d'un Etat ou d'un groupe d'Etats
 

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