Les euro-obligations deviendraient-elles inévitables dès 2012 ? par Ana Nicolaci da Costa (Reuters)
Les dirigeants européens risquent de céder à la pression des marchés et d'accepter d'émettre des euro-obligations dès l'année prochaine, économistes et investisseurs étant de plus en plus nombreux à estimer que cette solution serait la meilleure, voire la seule, pour résoudre la crise de la dette, montre une enquête Reuters.
Réunis cette semaine à Paris, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont déçu les marchés en refusant d'envisager à ce stade une mutualisation des dettes des Etats membres.
Pour une majorité d'économistes interrogés cette semaine par Reuters, les dirigeants européens devront pourtant se faire à l'idée selon laquelle l'émission d'obligations communes pourrait bien être l'une des rares solutions restant à leur disposition pour mettre fin à la crise de la dette souveraine qui menace désormais d'emporter certaines des premières économies de la zone euro.
Sur 59 économistes, 41 estiment que les euro-obligations seraient une bonne solution de long terme pour résoudre la crise et 36 sur 60 s'attendent à ce que les dirigeants européens s'y résolvent. Une majorité d'entre eux prévoit que les premières émission auront lieu dès 2012 ou en 2013.
" Le moment est décisif. Soit on prend la direction des euro-obligations, soit tout s'effondre et coule ", commente Russel Silberston d'Investec Asset Management.
En théorie, des obligations communes à la zone euro permettraient aux pays les plus endettés d'avoir à nouveau accès aux marchés financiers tout en fournissant un filet de protection aux investisseurs.
Pour éviter que les pays les plus fragiles de la zone euro n'abusent de la responsabilité commune qui résulterait des euro-obligations, les analystes jugent qu'il faut une intégration budgétaire ou au moins un cadre budgétaire plus strict.
" L'un des pré-requis pour l'introduction des euro-obligations est que l'Union européenne ait un droit d'accès aux budgets nationaux ", explique Norbert Braems, d'Oppenheim Research.
Selon lui, cela pourrait par exemple passer par des mécanismes destinés à réprimer automatiquement les cas de mauvaise conduite budgétaire ou l'inscription dans la constitution de règles de conduite budgétaires.
L'idée, soit d'augmenter les ressources du Fonds européen de stabilité financière (FESF) soit d'émettre des euro-obligations, soulèvera inévitablement des objections politiques, en particulier de l'Allemagne. Mais l'opinion qui prévaut de plus en plus sur les marchés c'est qu'elle y viendra.
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