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Publié par Jean Poche

J'ai récemment découvert une étude réalisée par la Banque Postale et le journal Les Echos qui m'a donné froid dans le dos.

Cette étude démontre que deux tiers des Français pensent que le gouvernement sera là pour assurer leurs "vieux jours". Or les chiffres prouvent que les caisses sont non seulement vides... mais en déficit. Et la situation s'aggrave de plus en plus rapidement.

Permettez-moi de vous présenter deux graphiques.

Regardez-les simplement l'un après l'autre.

 

Graphique du déficit des retraites qui se creuse en même temps que le déficit de la France

 

Graphique du rapport cotisants / retraités

 

Comme vous pouvez le voir sur le premier graphique, la Caisse nationale d'assurance-vieillesse, la CNAV, censée gérer les fonds retraite de la nation, est dans le rouge depuis 2004.

On était à -6 milliards d'euros en 2011... et on attend une "amélioration" à -5,8 milliards en 2012.

Parallèlement, le nombre d'actifs qui cotisent pour financer les retraites nationales est en chute libre. En 1964, on trouvait près de 4,5 actifs par retraité ; aujourd'hui, on en est plutôt à 1,5... et dans quelques années à peine on passera à moins d'un actif par retraité.

Or les besoins de financement sont gigantesques !

En 2007, le Conseil d'orientation des retraites (le COR) estimait que si la situation demeurait inchangée, le déficit total des retraites françaises (c'est-à-dire intégrant les retraites de la fonction publique, des agriculteurs, des indépendants, etc.) atteindrait 1,6% du PIB français en 2030, soit 47 milliards d'euros en 2030. Il tablait ensuite sur un déficit de 63 milliards d'euros en 2040 et de 69 milliards d'euros en 2050.

Sauf que la situation n'est pas restée inchangée.

Loin de là.

En 2010, le COR a fait un nouvel état des lieux. Résultat des courses : en 2010, on atteignait déjà le déficit initialement prévu pour 2030 -- 1,6% du PIB, soit 32 milliards d'euros.

La dégradation des comptes de la retraite a connu une accélération fulgurante au cours des cinq dernières années.

Désormais, avec une hypothèse "optimiste" -- un chômage revenu à 4,5% en... 2024 -- on s'attend à un déficit de 70 milliards d'euros en 2030. Près du double de ce que le COR avait prévu en 2007. (Et pour rappel, nous n'avons plus revu un taux de chômage à 4,5% depuis... 1978 -- et nous en étions à 9,3% au troisième trimestre 2011.)

La seule question qui vaille la peine d'être posée à ce stade, c'est... où le gouvernement va-t-il trouver l'argent ?

Peut-il l'emprunter ? Hélas, la perte du Triple A pourrait mettre fin à la bonne volonté des prêteurs étrangers... et on les comprend : qui irait prêter de l'argent à un pays qui a 1 688,9 milliards d'euros de dette publique -- pour une croissance anémique (1,6% en 2011) qui menace de se transformer en récession ?

Du côté des impôts, alors ?

Pas franchement : les finances de l'Etat français sont déjà dans le rouge... et les recettes fiscales sont en baisse. Elles étaient de 345,2 milliards d'euros en 2010... et de 336,5 milliards en 2011.

Il faudrait augmenter considérablement les impôts pour parvenir à financer correctement les engagements pris auprès des retraités et futurs retraités français.

Mais comment voulez-vous augmenter les impôts quand la population active diminue ?

A 9,3% à la fin 2011, le taux de chômage grimpe, grimpe et grimpe. En septembre dernier, l'Unedic, l'organisme en charge de l'assurance-chômage, attendait 36 700 chômeurs supplémentaires en 2011 ; elle estime désormais que ce chiffre sera plus près des 134 200 nouveaux chômeurs. Et ce ne sera guère mieux en 2012, où l'Unedic prévoit que 230 100 nouvelles personnes viendront grossir les rangs des sans-emploi en France.

Est-ce que c'est là le vivier de revenus que l'Etat entend taxer pour nourrir les caisses de retraite ?

Ce serait l'hôpital se moquant de la charité : l'Unedic est elle-même déjà en déficit de 11 milliards d'euros... et l'afflux de nouveaux chômeurs devrait porter ce manque à gagner à 15,3 milliards d'euros en 2012.

Non, c'est pire que ça...

En fait, les finances de la France sont dans un état si grave que le gouvernement a dû siphonner les actifs réservés à la retraite pour venir combles les déficits nationaux !

Attention, le tour de passe-passe est subtil. Explications.En 1999 était fondé le Fonds de réserve des retraites (FRR), destiné à lisser le déficit des retraites déjà prévu à l'époque. Ce fonds d'investissement devait être "nourri" régulièrement par des dotations de l'Etat, qui seraient ensuite placées sur les marchés financiers pour les faire fructifier.

Objectif : atteindre les 150 milliards d'euros de réserves afin de financer les retraites à partir de 2020.

Jusque là, tout va bien.

D'un autre côté, en 1996, la Caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) était mise en place pour reprendre la dette de la Sécurité sociale. A l'époque, on ne s'en sortait plus avec un déficit équivalent à 21 milliards d'euros... On a donc mis en place "temporairement" cette structure financée par la CRDS. Elle était censée s'éteindre en janvier 2009 -- tout comme la CRDS, d'ailleurs.

Aux dernières nouvelles, la CRDS figure encore parmi nos impôts... et la CADES est toujours en activité.

C'est là que les choses deviennent vraiment intéressantes.

En mars 2010, le FRR comptait 34,5 milliards d'euros dans ses caisses. On était encore très très loin des 150 milliards fixés, mais c'était un début.

Un organisme gouvernemental dans le vert ! C'était trop beau : en juin 2010, il a été décidé de transférer ces fonds directement à la CADES. Et dans ses poches aussi, les 2% de prélèvements sociaux sur les revenus du capital servant à abonder le Fonds chaque année !

Nous en sommes là.

Le gouvernement est aux abois depuis des années -- il en est réduit à dépouiller Jean pour habiller Paul.  

Mais, me direz-vous, on a mis en place des réformes, non ? Voilà qui devrait permettre de rétablir la situation !

Reculer l'âge de départ à la retraite, allonger la durée des cotisations... Les réformes entamées en 2010 (et qui devraient connaître un coup d'accélérateur cette année, avec l'application du plan de rigueur) sont un début, qui permet d'économiser quelques milliards d'euros.

Mais c'est beaucoup trop lent !

Le gouvernement ne peut pas réussir -- simplement en reculant un peu le départ en retraite et en rajoutant quelques trimestres de-ci de-là -- à combler un déficit en avance de 20 ans sur les prévisions.

Ce serait déjà extrêmement long et difficile en période de croissance et de plein emploi... alors maintenant que nous allons très vraisemblablement entrer en récession, c'est mission impossible.

Désormais, c'est une autre réalité qui nous attend. Celle que traduit le troisième graphique :

La conséquence inéluctable des deux premiers graphiques : ce que devrait percevoir un retraité moyen dans les années qui viennent.

 

Graphique du montant des retraites que les cotisations peuvent payer si rien ne change

 

L'équation est simple : Hausse des retraités + baisse des cotisants = moins d'argent à distribuer.

Le piège est en train de se refermer.

Et on continue de nous annoncer de nouvelles mesures destinées à renflouer les finances de l'Etat.

 Sauf que ces mesures sont à mes yeux parfaitement futiles. Et je pèse mes mots.

Passons sur la hausse de 1,6% de la "TVA sociale" ; elle viendra rogner votre pouvoir d'achat une fois encore, mais ce n'est pas elle qui m'inquiète le plus aujourd'hui.

Non, ce que je juge vraiment grave, c'est la hausse de deux points de la CSG sur les revenus financiers, qui passe à 10,2%. Assurance-vie, épargne salariale, dividendes d'actions, PEL... quasiment tous les supports d'épargne sont concernés. Au total, votre épargne sera désormais taxée à 39,5% -- le taux le plus élevé d'Europe.

Difficile avec celà d'épargner pour "constituer son bas de laine" ou pour constituer sa propre retraite complémentaire !

 

NDLR Regards-citoyens.com : L'heure est venue d'allier aux plans de rigueur des programmes structurels et économiques proposant des solutions qui conduiront à relancer l'activité économique et la croissance car eux seuls pourront produire le supplément de ressources publiques indispensables au rééquilibrage des comptes sociaux et publiques : amélioration de la compétitivité prix et hors prix, amélioration de l'efficacité de la dépense publique, mutualisation d'une part appropriée de la dette souveraine au niveau européen, rachat par des investisseurs européens des titres de dettes souveraines détenus par des investisseurs n'appartenant pas à la zone euro, élargissement du statut de la Banque centrale européenne à la fonction de prêteur de dernier ressort, taxation des transactions financières à destination ou émises à partir de la zone euro, écotaxes diverses, remise à plat de la politique commerciale des Etats et de l'Union européenne, remise à plat des encadrements des transferts de technologies à haute valeur ajoutée, développement d'une véritable politique industrielle européenne qui favorise les consolidations, les spécialisations et les mutualisations, remise à plat de la politique de concurrence de l'Union européenne, augmentation du budget d'investissement de l'Union européenne en faveur des grands programmes d'investissement transnationaux, augmentation des programmations conjointes UE - Etats membres dans les secteurs stratégiques, y compris dans un domaine de souveraineté comme celui de la défense, etc....

 

 

 

  

 

 

 

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