Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par ERASME

Si la Chine est aussi soucieuse qu'on le dit de sa réputation de nouveau "grand" parmi les "grands", ses dirigeants feraient bien d'aller faire un tour au Congrès américain. Là, en ce bel été indien, sur l'élégante colline du Capitole, ils prendraient la mesure d'une colère qui ne cesse de monter. Contre eux, contre les mauvaises manières commerciales de la Chine. Et il se pourrait bien que cette grogne se fasse bientôt entendre aussi à Bruxelles, chez des Européens jusque-là bien timides et silencieux sur le sujet, mais que les méthodes du Dragon sur le marché mondial commencent à irriter.

Il y a déjà, antienne hélas trop connue, la sous-évaluation chronique du yuan, la monnaie chinoise. Mais dans l'arsenal d'une concurrence passablement déloyale, il faut ajouter une autre arme utilisée par Pékin : les grandes entreprises publiques, étatiques, chinoises. Contrairement à une image qui doit trop à notre occidentalo-centrisme, le capitalisme chinois est moins "libéralisé" qu'on ne le croit. L'une de ses forces de frappe réside dans ses entreprises étatiques.

Elles sortent gagnantes de la crise 2008-2009, indiquait cette semaine le ministère chinois des finances. BTP, énergie, pétrochimie, téléphonie, aéronautique : dans ces secteurs, l'Etat chinois a favorisé la création de grands groupes publics. Et ce sont eux qui ont empoché l'essentiel des gargantuesques commandes passées au nom du plan de relance annoncé en 2008.

Là, pas d'appels d'offres, ou alors purement formels : les marchés sont attribués aux groupes chinois. Là, pas de problème de financement : les banques chinoises sont sommées d'accorder des prêts. Là, pas de concurrence indue : les firmes étrangères ou chinoises privées sont priées d'aller voir ailleurs... Là, pas d'actionnaires à rémunérer : pour ses entreprises, l'Etat chinois est grand prince !

On est ici dans un capitalisme d'Etat - que pratiquent aussi nombre d'autres pays émergents -, contre lequel le capitalisme "privé" ne joue pas à armes égales. C'est l'une des grandes batailles de l'époque, sur laquelle devrait sérieusement se pencher l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Car pendant qu'ils opèrent à l'abri de la concurrence sur leur propre marché, ces grands groupes étatiques chinois ou leurs filiales passent à l'offensive sur les nôtres. Le New York Times signalait, mardi 21 septembre, une percée des firmes chinoises en Europe de l'Est et dans la région baltique. Là où les appels d'offres pour les grands marchés publics sont, eux, ouverts à la concurrence !

On veut bien saluer ce que la Chine a accompli en trente ou quarante ans. On veut bien qu'un pays émergent joue ponctuellement de ses avantages comparatifs. On reconnaît que la Chine tire, en partie, l'économie mondiale.

Mais une fois dans la cour des "grands", il faut jouer selon les règles. Ou s'attendre à des représailles justifiées. Le protectionnisme est à double tranchant - tel le sabre chinois.

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article