Pour en finir avec la politique de gribouille de la France en Méditerranée, par Roland Lombardi (pour JFC Conseil)
Après le massacre de la Ghouta le 21 août dernier, François Hollande (NDLR Regards-citoyens.com : avec Laurent Fabius, à la suite de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé) était vraiment le seul à vouloir « punir » Bachar el-Assad. Mais malgré le bombage de torse, les menaces et les déclarations belliqueuses de la France, un accord russo-américain fut trouvé à l’initiative de Vladimir Poutine.
À la surprise générale, cet accord écarta toute frappe « punitive » et fit même du dirigeant syrien un interlocuteur de premier plan dans le processus d’élimination de son propre arsenal chimique.
Alors que les Etats-Unis cherchent à s’exfiltrer du Moyen-Orient, pour la Russie, cette véritable victoire diplomatique vient couronner sa dynamique et réaliste politique en Méditerranée (1).
A l’inverse, pour la France, cette affaire syrienne fut le point d’orgue des errements de la diplomatie française en Méditerranée. Pire, elle aura laissé dans le monde arabe et ailleurs, une image de la France malheureusement pathétique pour ne pas dire pitoyable (il suffit de relire la presse internationale et surtout arabe).
Même si les médias français ont cherché à le minimiser, ce fiasco du président français n’aura malheureusement fait que confirmer que notre pays, depuis 40 ans, s’est souvent donné un rôle bien supérieur à son véritable poids.
Ainsi, pour paraphraser Michel Audiard, lorsque les pays de plus de 150 millions d’habitants parlent, ceux de 60 millions les écoutent !
Mais les Russes, comme les Israéliens et les Arabes d’ailleurs, ne nous écoutent plus, non parce que nous sommes « petits » mais parce qu’ils nous reprochent notre aveuglement, notre naïveté, notre angélisme et notre irresponsabilité concernant les conséquences des « printemps » arabes et notamment la poussée de l’islamisme radical qui s’en suivit. En effet, même si ces révoltes ont surpris tous les dirigeants occidentaux et en premier lieu les Français, l’expérience iranienne des années 1970 comme la décennie de guerre civile en Algérie dans les années 1990 ou l’Irak d’aujourd’hui auraient dû pourtant les alerter sur les dangers d’une « démocratisation » trop précipitée de la région.
Au lieu d’écouter nos services de renseignements (qui sont parmi les meilleurs du monde), nos diplomates ou nos chercheurs de terrain, les responsables français ont préféré prendre leurs conseils auprès de pseudo-philosophes, de journalistes et de « spécialistes » politiquement orientés et appartenant le plus souvent au microcosme parisien.
D’où les erreurs d’appréciation de ces bouleversements par les différents gouvernements français et surtout, la perte de leurs principaux interlocuteurs ...
Certes la défense des droits de l’homme et la diffusion de nos valeurs sont des composantes honorables et importantes de la politique de la France. Mais est-il réaliste et surtout judicieux de les substituer à la défense de nos intérêts nationaux dans une région où les populations sont beaucoup plus préoccupées à s’extirper de la misère et à retrouver des autorités tout simplement plus respectables que les anciennes dictatures ?
Curieusement, la France garde cependant une certaine aura. Mais notre ancienne grandeur et notre passé glorieux et encore moins nos incantations pour la Paix partout, ne lui feront pas retrouver son « rang ». Il est urgent d’arrêter de faire la morale pour faire enfin de la politique ! La France ne pourra de nouveau être écoutée qu’après une véritable révolution copernicienne de sa politique en Méditerranée et au Moyen-Orient. Ainsi, deux conditions étroitement liées s’imposent : revoir nos partenariats et adopter une doctrine claire et définie dans le seul but de préserver nos intérêts.
Source : http://www.jfcconseilmed.fr/
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