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Publié par ERASME

Nous accueillons chaleureusement les efforts de la direction palestinienne pour obtenir des soutiens à la reconnaissance d'un Etat palestinien par les Nations unies. Une telle initiative pourrait relancer le processus de paix au Moyen-Orient, actuellement en panne.

 

Contrairement à ceux qui estiment qu'aller devant l'ONU fait régresser ledit processus, nous pensons que ramener la question israélo-palestinienne à l'ONU est la bonne chose à faire. C'est l'ONU qui a aidé à la naissance de la solution des deux Etats en 1947, quand elle a accepté la partition de la Palestine en deux Etats et voté la résolution 181. Le mouvement national juif a utilisé la résolution 181 pour ouvrir la voie à la création de l'Etat d'Israël. Soixante-trois ans plus tard, il est temps que les Palestiniens bénéficient des mêmes droits.

 

Alors que les gouvernements américain et israélien expriment leur hostilité au principe consistant à faire reconnaître un Etat palestinien par l'ONU, la position de l'Union européenne sera essentielle sur la voie d'une éventuelle résolution, que celle-ci soit présentée devant le Conseil de sécurité ou devant l'Assemblée générale. La France, qui a toujours fondé ses positions à l'ONU sur les principes du respect du droit international, est bien placée pour donner l'exemple, tant à l'ONU qu'au sein de l'UE.

 

Les Elders, un groupe d'anciens chefs d'Etat auquel nous appartenons, ont adressé un courrier aux ministres des affaires étrangères de tous les Etats membres de l'UE en les exhortant à adopter une position commune en faveur d'une résolution qui reconnaîtrait le droit légitime du peuple palestinien à posséder son Etat. Nous leur rappelons à cette occasion qu'une telle initiative répondrait en réalité aux conclusions du Conseil européen de décembre 2009, qui se prononcent pour "une solution fondée sur la coexistence de deux Etats, avec Israël et un Etat de Palestine indépendant, démocratique, d'un seul tenant et viable, coexistant dans la paix et la sécurité".

 

A l'époque, le Conseil déclarait être "disposé, le moment venu, à reconnaître un Etat palestinien". Sur une question d'importance vitale pour le Moyen-Orient et pour ses futures relations avec ses voisins, nous pressons l'UE de saisir cette occasion d'agir de façon positive et décisive. Droits humains universels

 

Il n'est ni réaliste ni raisonnable de penser que le conflit palestinien restera gelé pendant que le "printemps arabe" apporte de tels changements dans la région. L'essentiel ne sera pas seulement le vote de l'ONU, au cas où il aurait lieu. Ce qui s'ensuivra sera tout aussi important, sinon plus.

 

Les futures négociations de paix entre Israël et les Palestiniens ne pourront se contenter d'en revenir au "business as usual". Si c'était le cas, elles seraient vouées à l'échec. Elles doivent au contraire reprendre sur une base nouvelle, fondée sur le droit international et les droits humains universels, avec des paramètres clairs et une date limite convenue entre les deux parties pour leur conclusion.

 

Il y a un an, le président Barack Obama a saisi l'occasion de son allocution annuelle devant l'ONU pour déclarer qu'il espérait accueillir la Palestine dans les rangs des pays membres avant le commencement de la nouvelle session. Malheureusement, les négociations bilatérales qui auraient pu déboucher sur ce résultat souhaitable n'ont pu avoir lieu, en raison de la poursuite de l'expansion des colonies israéliennes dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

 

La communauté internationale a déclaré à de multiples reprises que ces colonies étaient illégales au regard du droit international. Afin de préserver ce qui reste de la possibilité de créer un Etat palestinien "d'un seul tenant et viable", il doit être mis un terme à la construction en Cisjordanie et à Jérsusalem-Est de tout nouveau logement destiné à des habitants juifs.

 

Toute négociation qui reprendrait après le vote d'une résolution par l'ONU devra viser à définir le territoire de l'Etat palestinien en se fondant sur les frontières de 1967, avec pour capitale Jérusalem-Est. Un tel accord pourrait prévoir des échanges équivalents de territoires afin d'autoriser des ajustements mineurs. Une médiation extérieure ferme et solide sera un autre élément essentiel, car il n'est guère probable que les deux parties soient capables de parvenir seules à un accord.

 

C'est pourquoi, si l'UE, premier partenaire commercial d'Israël et, avec un milliard d'euros par an, de loin le plus gros donateur à l'Autorité palestinienne, adoptait une position positive et unie sur la résolution onusienne envisagée, cela lui conférerait un poids supplémentaire qui lui permettrait de jouer un rôle politique accru dans le processus de résolution du conflit. Depuis plus de vingt ans, les négociations ont plus porté sur la façon de procéder qu'elles n'ont eu de véritable substance, suscitant une désillusion et une frustration compréhensibles chez les Palestiniens et parmi ceux qui cherchent un accord de paix juste et durable. Cela fait près de soixante-trois ans que l'ONU s'est accordée sur la création de deux Etats - cette solution a été trop longtemps retardée.

 

Jimmy Carter est ancien président des Etats-Unis et Mary Robinson, ancienne présidente d'Irlande.

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