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Publié par Patrice Cardot

Jugée irréaliste pendant des années par les gouvernements européens, l'idée d'une taxation des transactions financières fait son chemin. Mardi 16 août, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé que Paris et Berlin "déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières". Une proposition pour l'instant assez floue : ni le montant ni les modalités de la taxe n'ont été abordés de manière précise.

Le Parlement européen a voté, en mars dernier, pour la mise en place d'une telle taxe à l'échelle européenne, qui permettrait de dégager 200 milliards d'euros (cf. Alain Lamassoure fait valoir les exigences du Parlement européen en matière de ressources propres pour le budget de l’Union européenne). En France, les députés ont voté en juin une résolution non contraignante défendant également cette idée.

Une idée soudainement consensuelle. Longtemps défendue par les mouvements altermondialistes, et notamment par l'association Attac, la taxation des flux financiers est revenue dans les propositions des partis politiques à la faveur de la crise financière et boursière. Décriée à gauche et à droite pendant des années, l'idée est devenue soudainement consensuelle.

Jean-Louis Borloo, président du Parti radical en pleine pré-campagne présidentielle, s'est converti au mois d'août à une telle taxe "qui, pour l'Europe, pourrait représenter 50 à 100 milliards d'euros par an suivant le taux retenu". Il plaide pour une mise en place rapide, estimant qu' "il n'y a plus de véritable contradicteur à cette idée".

La ministre du budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, s'est empressée de lui répondre sur RMC, se disant "heureuse" de voir M. Borloo "découvrir cette taxe (...) portée sur les fonts baptismaux par Nicolas Sarkozy". Et a assuré que la mesure était "une idée que Nicolas Sarkozy [avait] défendue il y a un peu plus d'un an" pour "permettre à tous les pays du G20 de financer l'aide au développement".

Des propos qui ont de quoi faire sourire les altermondialistes et les partisans de longue date d'une taxation des transactions financières. "Pendant plus de dix ans, les politiques ont ignoré nos revendications pour un contrôle démocratique des marchés financiers. Même s'il y a des débats actuellement pour une meilleure régulation financière, la mise en place effective d'une taxe sur les transactions financières et d'autres outils régulateurs est encore éloignée", rappelait, prudent, Hugo Braun, responsable d'Attac Allemagne, en ouvrant l'université d'été européenne de l'association.

A gauche, le projet du PS pour la présidentielle est un peu plus précis mais se contente de reprendre la proposition des socialistes européens d'une taxe sur les transactions financières de 0,05 % "dont le principe a été acté par le Parlement européen en mars 2011". Une idée répétée par Martine Aubry dans le Journal du dimanche, le 14 août.

Comment utiliser les recettes de cette taxe ? De fait, les contours d'une telle taxe restent flous. Pour le PS, elle pourrait être affectée à deux priorités : "le financement de l'aide aux pays en développement et leur adaptation au réchauffement climatique, la réduction des déficits des états membres". Pour Valérie Pécresse, il faudrait attribuer "une part pour l'aide au développement et une autre pour la réduction des déficits".

Le texte voté au Parlement européen en mars évoque, lui, "une contribution significative du secteur financier à la prise en charge du coût économique et social de la crise". Ce qui aiderait "également au financement du budget de l'Union européenne". Catherine Trautmann, députée européenne, et Poul Nyrup Rasmussen, président du Parti socialiste européen, expliquaient en avril, dans une tribune au Monde, que "le revenu collecté grâce à la taxe sur les transactions financières permettrait de financer des politiques de développement économique et social, plutôt que des fonds de sauvetage bancaire".

La campagne pour la taxe Robin des bois, lancée notamment par Attac, Aides et Oxfam, plaidait pour une taxe qui "permettra de financer les urgences sociales et environnementales mondiales, par exemple les luttes contre le sida ou contre le changement climatique". Mais elle va plus loin, évoquant "un début de redistribution au niveau mondial".

 

 

 

 

 

 

 

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