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Publié par ERASME

L’Union européenne vient de rendre public en février 2014 son rapport sur la corruption, un comportement qui coûte 120 milliards d’euros par an aux Vingt-Huit.

Le Diploweb propose sa contre-enquête sur un sujet que nous présentons de manière transversale depuis... 2008. Cet article utilise les ressources de l’ONG Transparency International qui publie chaque année un classement des pays par Indice de Perception de la Corruption, ainsi qu’un baromètre de la corruption dans le monde. Diploweb.com publie ici deux cartes de la perception de la corruption dans les États membres de l’Union européenne et les candidats, ainsi qu’une analyse et une mise en perspective de ces résultats.

Qu’est-ce que l’Indice de Perception de la Corruption ?

L’Indice de Perception de la Corruption (IPC) est un outil permettant de mesurer le degré de corruption tel qu’il est perçu par la population d’un pays, en se concentrant sur le secteur public et la classe politique. Allant de 0 (pays considéré comme très corrompu) à 100 (pays perçu comme très sain), il permet d’établir un classement mondial de la perception de la corruption.

Les cartes suivantes [1] présentent l’IPC pour les pays de l’UE-28 et les candidats [2] en 2013 et posent la question de la perception de la corruption des secteurs publics nationaux.

UE et corruption : les preuves
Cartes de la corruption dans l’UE-28
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Cartes de la corruption dans l’UE-28
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Où en est la perception de la corruption au sein de l’Union européenne ?

Le graphique qui suit présente l’Indice de Perception de la Corruption de chacun des États membres.

La corruption dans les pays membres de l'UE-28

La grande disparité des situations des États membres est frappante. La carte 1 permet de distinguer 5 groupes de pays au sein de l’UE en fonction de leur IPC.

Les plus corrompus : Croatie, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, République tchèque, Italie, Grèce.

. Pays ayant un IPC inférieur à 50.
6 de ces 8 pays sont entrés dans l’UE récemment : 2013 pour la Croatie, 2007 pour la Bulgarie et la Roumanie, 2004 pour la Slovaquie et la République tchèque. On trouve également un pays fondateur, l’Italie, ainsi que la Grèce (1981).

Concernant cette dernière, on peut expliquer son indice bas par l’importance de la fonction publique dans le salariat grec [3] ; puisque la corruption est liée pour Transparency International au secteur public [4], il n’est pas étonnant qu’elle apparaisse dans les pays perçus comme les plus corrompus de l’Union.
Roumanie, Bulgarie, République tchèque et Slovaquie sont quant à elle des anciennes « démocraties populaires », où les administrations publiques avaient également un poids important : cet héritage peut expliquer le haut niveau de perception de corruption.

. États membres présentant un IPC compris entre 50 et 59.
Dans ce groupe de 6 pays membres, 5 sont issus de l’élargissement de 2004 : Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte et Slovénie ; on y trouve également l’Espagne. Bien qu’ils soient sous la moyenne de l’UE, ces pays font toutefois partie du tiers des 177 pays du monde ayant un indice supérieur à 50 [5].

. Pays dont l’IPC se situe entre 60 et 69.
5 pays composent cette classe : Autriche, Chypre, Estonie, Portugal et Pologne. Ce sont des membres issus de trois élargissements successifs (1986, 1995 et 2004), 2 anciens régimes communistes et 3 pays « de l’Ouest », situés aux quatre coins de l’Europe. Il apparaît ainsi difficile de trouver une cohérence dans ce groupe.

. États de l’UE avec un IPC entre 70 et 79.
Ces pays avec un IPC assez haut présentent des caractéristiques communes : France, Belgique, Allemagne, Irlande et Royaume-Uni sont les membres les plus anciens de l’UE, qu’ils soient fondateurs ou issus du premier élargissement de 1973. Ce sont des pays d’Europe occidentale, n’ayant pas été satellisés par l’URSS (à l’exception de la RDA, ce qui n’empêche pas l’Allemagne d’avoir l’IPC le plus élevé du groupe) ; enfin 4 sur 5 sont membres de la zone euro.

. Les États membres perçus comme les moins corrompus : IPC supérieur à 80.

Les moins corrompus : Danemark, Finlande, Suède, Pays-Bas et le Luxembourg.

Ces 5 États membres, premiers au niveau de l’UE, sont également très bien classés au niveau mondial : le Danemark occupe la 1re place, la Finlande se classe 3ème, suivie par la Suède au 4ème rang. Les Pays-Bas et le Luxembourg sont quant à eux respectivement 8ème et 11ème mondiaux [6].

Notons le cas de l’Italie et de l’Espagne, perçues comme très corrompues, et où l’on a pourtant demandé aussi souvent aux sondés de payer un pot-de-vin qu’en Finlande [7] : ceci rappelle bien que l’IPC mesure la perception seulement, et qu’il n’offre pas forcément une photographie de toute la complexité de la réalité.

Quelles dynamiques ces écarts de perception font-ils ressortir ?

. Des contrastes importants divisent l’UE
Même s’il existe des exceptions, on peut néanmoins avancer l’hypothèse qu’il existe une corrélation entre perception de la corruption élevée et entrée dans l’UE récente : 11 pays sur 12 ayant un IPC supérieur à la moyenne de l’UE sont membres avant 2004 ; 12 pays sur 16 ayant un IPC inférieur à cette moyenne sont membres depuis 2004 ou après.

Les 4 pays faisant exception à la tendance relative à la proximité de l’adhésion présentent toutefois une caractéristique commune : avoir beaucoup fait parler d’eux suite aux crises économique et de la dette souveraine. Ainsi, le Portugal et la Grèce ont sollicité l’aide de l’UE et/ou du FMI ; l’Espagne a fait l’objet de plan de sauvetage de la part de l’UE ; l’Italie quant à elle était censée également recevoir des aides (qu’elle n’a finalement pas perçues du fait de sa mise sous tutelle par le FMI et la Commission européenne en 2011, puisqu’elle ne mettait pas en œuvre les mesures censées être prises pour recevoir les fonds).
Sur les 16 pays dont l’IPC se situe sous la moyenne de l’UE, 8 sont des anciens régimes communistes de l’Est de l’Europe, avec un poids important de l’administration publique.

On peut donc dégager trois dynamiques liées aux pays avec une forte perception de la corruption : caractère récent de l’adhésion, localisation à l’Est du « Rideau de fer », et grandes difficultés économiques et financières.

On constate que les pays au Nord (Finlande, Danemark, Luxembourg...) d’un gradient Nord-Sud ont tendance à être perçus comme moins corrompus que ceux au Sud. De même, un gradient Est-Ouest laisse apparaître une Europe de l’Ouest (France, Irlande...) perçue comme moins corrompue que l’Europe orientale, exception faite de l’Italie. Cette division géographique de l’Europe suivant le critère de la perception de la corruption était déjà notable en 2009 [8] : quatre ans après, elle apparaît toujours d’actualité.
Il reste à savoir si avec le temps –permettant éventuellement de combler l’écart de développement entre nouveaux et anciens membres et de résorber les effets de la crise– l’écart entre ces pays et le reste de l’Union européenne en termes de perception de la corruption se réduira, ou si la corruption dans ces pays est liée à d’autres facteurs [9].

. La zone euro
Concernant une corrélation entre perception de la corruption et zone euro, la réponse apparaît sans appel : 9 de ses membres sont situés sous la moyenne de l’UE, et les 9 autres au-dessus. De même que les prévisions de croissance du PIB sont hétérogènes au sein de la zone euro, il ne semble donc pas possible de dégager une tendance propre aux pays membres de la communauté monétaire.

. Et les candidats ?
Le graphique suivant présente l’Indice de Perception de la Corruption dans les 8 pays candidats.

La corruption dans les pays candidats à l'UE-28

Hormis l’Islande et son IPC à 78, les candidats officiels sont perçus comme très corrompus, puisque leurs IPC sont compris entre 44 et 50, bien loin de la moyenne de l’UE.
Ensuite, ceux que la Commission européenne désigne comme candidats « potentiels » [10] sont parmi les pays perçus comme les plus corrompus d’Europe : l’Albanie se classe au même niveau que le Népal et le Vietnam avec un indice de 31 ; le Kosovo est 111ème mondial avec un IPC à 33 ; enfin, la Bosnie-Herzégovine est 72ème mondiale avec son IPC de 42.
Il existe donc une fracture très nette dans la perception de corruption entre les États membres de l’UE et ceux qui souhaitent la rejoindre.

Comment a évolué le niveau de perception de la corruption ces deux dernières années ?
C’est l’un des douze questions posées dans le Baromètre de la corruption de Transparency International [11], dans 28 États membres et candidats de l’UE [12]. Là encore, une tendance claire se dégage.

En effet, seuls les sondés de Belgique et de Serbie pensent majoritairement que le niveau de corruption a baissé.
Dans 5 États (Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlande et Lettonie), la majorité des sondés pense que le niveau n’a pas changé.
Enfin, dans les 21 autres pays, l’opinion qui prévaut est celle que la corruption a augmenté.
Même si ces chiffres sont à prendre avec précaution (l’opinion majoritaire n’est pas forcément l’opinion de la majorité : dans des pays tels que le Luxembourg ou l’Estonie, l’opinion qui rassemble le plus de voix n’atteint pas 50 % du total des réponses), il n’en reste pas moins que la tendance est au pessimisme à travers l’UE.

A présent que l’on a brossé le tableau de la perception de la corruption au sein de l’Union européenne et des candidats, il faut se poser la question de savoir plus précisément qui est corrompu, et quels problèmes cela peut poser.

Perception de la corruption dans les institutions nationales et le secteur public

.../...

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