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Publié par ERASME

"L’Iran est prêt à un accord avec l’Occident", vient de déclarer le ministre iranien des Affaires étrangères, M. J. Zarif (Le Monde 7 nov. 2013). Personne ne sait ce que deviendra cette affirmation mais beaucoup ont besoin d’une mise en perspective documentée de la question de l’enrichissement de l’uranium. C’est ce que propose le Diploweb.com avec cet article inédit de Teva Meyer, illustré d’une carte grand format.

Cet article a été initialement mis en ligne le 7 novembre 2013. Nous le remettons à la Une suite à l’accord préliminaire du 23 novembre.

LONGUEMENT ANALYSÉ sous l’angle de la prolifération, l’enrichissement de l’uranium est aussi une problématique récurrente du développement du nucléaire civil. Les centrales en fonction dans le monde peuvent sommairement être divisées en deux groupes : les unes utilisant de l’uranium naturel comme combustible, les autres de l’uranium enrichi. La seconde technologie demeure la plus répandue. 90% des centrales nucléaires en activité en 2013 nécessitent de l’uranium enrichi pour leur fonctionnement. Seuls l’Inde, le Canada et la Roumanie ont opté majoritairement pour l’uranium naturel. L’uranium présent dans le sol est composé de trois isotopes, l’uranium 238 (99,3%), l’uranium 235 (0,7%) et l’uranium 234 en quantité infime. Afin d’être utilisée dans la seconde catégorie de réacteur, la proportion de l’isotope 235 doit être augmentée au minimum à 3%. Cette opération, l’enrichissement, n’est réalisable dans des quantités industrielles que dans un nombre réduit d’usines. Celles-ci se concentrent, comme la carte le montre, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Russie, en Chine et au Japon. Le développement à venir du nucléaire civil doit ainsi être analysé sous l’angle de l’enrichissement.

Uranium et nucléaire. L'enrichissement de l'uranium, l'autre enjeu du développement du nucléaire civil
Carte de l’enrichissement de l’uranium

 

L’enrichissement de l’uranium est un enjeu politique et commercial du nucléaire civil
Nouvelle dynamique géographique de l’uranium enrichi
Les décisions de sortie du nucléaire prises après la catastrophe de Fukushima (2011), et particulièrement celle de l’Allemagne, libéreront durablement des capacités d’enrichissement. Toutefois, une inconnue demeure sur la pérennisation de la production de combustible en Allemagne. Alors que le gouvernement s’est engagé à stopper toute activité électronucléaire sur le territoire, on peut s’interroger sur une possible fermeture de l’usine d’enrichissement allemande de Gronau dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette décision entraînerait une baisse de 10% de l’offre mondiale. Comme la carte le laisse transparaître, les besoins à venir en uranium enrichi proviendront essentiellement de pays ne disposant pas, ou de peu, de capacités souveraines de production. Plusieurs pays ont émis le souhait de contrôler sur leur territoire l’ensemble du processus de transformation de l’uranium afin de disposer d’une totale souveraineté nucléaire. Les nations en voie de nucléarisation craignent, en effet, de voir leur production électrique dépendre d’un approvisionnement étranger en combustible susceptible d’être rompu.

Toutefois, l’enrichissement demeure une technologie sensible de part ses applications militaires. Poussé à plus de 90% d’isotope 235, l’uranium est considéré de qualité militaire et peut être utilisé dans la fabrication d’un arsenal atomique. Sa dissémination est ainsi fortement contrôlée et réglementée par les services de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA). L’enrichissement se trouve être alors l’objet d’enjeux contradictoires. D’un côté, les pays en voie de nucléarisation revendiquent leur droit à un libre accès aux technologies d’enrichissement ainsi qu’à un apport sécurisé en combustible. De l’autre, l’AIEA souhaite limiter les risques de prolifération nucléaire tout en remplissant son rôle premier, à savoir « d’encourager et de faciliter, dans le monde entier, le développement et l’utilisation pratique de l’énergie atomique à des fins pacifiques » [1]. L’expansion future de l’énergie nucléaire, si elle doit avoir lieu, dépendra alors en partie de la capacité à concilier ces deux aspirations.

La plupart des propositions faites dans ce sens visent à dissuader de nouveaux pays de construire des usines d’enrichissement en offrant des solutions alternatives attractives. Le but est de créer des mécanismes assurant la continuité de l’approvisionnement en combustible nucléaire dans le cas d’une rupture découlant de raisons politiques. On peut, sommairement, les regrouper en trois catégories.

Une internationalisation complète de l’enrichissement ?
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