Et si l'on pensait aussi à lire la composition du gouvernement Valls1 à l'aune des agendas international et européen
Les analystes politiques des grands médias français déploient leurs analyses politiques, qui ont parfois un niveau bien inférieur à celle des analyses du niveau de celles des cafés du commerce de notre pays, à l'aune de considérations strictement nationales et politiciennes !
Naturellement, la plupart de ces analyses présentent de l'intérêt ! Qui pourraient le nier ?
Mais les Français attendent aussi que ces mêmes analystes relèvent un peu leur regard pour proposer une autre nature d'analyse de la composition - subtile - de ce nouveau gouvernement ; composition qui ne peut pas simplement procéder d'une simple recherche d'équilibre entre des courants et des personnaltés du Parti socialiste !
Car l'agenda international comme l'agenda européen (qui n'en constitue qu'un sous-élément), comme les orientations géopolitiques et stratégiques de François Hollande et de la gauche sociale-libérale qui l'accompagne dans la conduite des affaires du pays, ont bien évidemment occuper une place particulière dans la corbeille des critères de choix des membres de ce nouveau gouvernement.
D'abord, le choix du Premier ministre : Manuel Valls !
Si l'on se limite à cette dimension internationale de la question, que savons-nous de lui ?
Rien de très visible n'apparait dans son CV qui puisse, en première lecture, nous donner des indications sur ses sympathies et orientations, à l'exception de son souci de ne pas déplaire aux communautés de toutes obdédiences et de toutes origines, son passage réussi à la tête de la ville nouvelle d'Evry lui ayant beaucoup appris en la matière !
Si l'on fouille davantage dans ses fréquentations quotidiennes, on découvre la présence de personnages connus pour leurs sympathies anglo-saxones (souvent les mêmes d'ailleurs qui entouraient déjà Nicolas Sarkozy, à l'instar de l'ancien Grand Maître du Grand Orient de France, Alain Bauer, omniprésent) !
Quoi de plus naturel, le direz-vous, eu égard à la très forte priorité accordée par son ministère de référence, le ministère de l'intérieur, à la lutte contre le terrorisme ; priorité qui l'a placé très naturellement en position de dialoguer sur des dossiers sensibles de préférence avec les services américains et anglosaxons !
De là à imaginer que Washington n'ait pas vu d'inconvénient à une telle nomination ....
Surtout que dans le même mouvement, Laurent Fabius, par 'pragmatisme intellectuel, diplomatique et stratégique ...', Jean-Yves Le Drian (par pragmatisme opérationnel et par réflexe culturel inhérent à son fort ancrage territorial : n'a-t-il pas été jusque récemment le président de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe dominées par les régions de la façade atlantique) et par , et, dans une moindre mesure, Bernard Cazeneuve (plus réservé à ces différents égards mais néanmoins tenus, dans ses nouvelles fonctions, de faire preuve de beaucoup d'esprit d'ouverture ...), étaient confirmés ou nommé dans les fonctions régaliennes clés, à l'exception du poste de Garde des sceaux laissé à Madame Taubira.
Or, plus personne n'ignore aujourd'hui le tropisme atlantique particulièrement marqué des deux premiers ....
Tropisme que confirment le choix résolu des titulaires des postes clés dans leur ministère respectif ainsi que les nominations les plus récentes !
Tropisme que confirmera demain ou après-demain la nomination de Fleur Pellerin au poste de secrétaire du commerce extérieur près le ministre des affaires étrangères et du développement international ... une personnalité troublante qui n'avait pas hésité à affirmer que les écoutes de la NSA ne lui posaient aucune sorte de problème .. comme d'autres comportements erratiques plus domestiques non plus (cf. à cet égard http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/la-france-suspectee-de-cyberespionnage-le-monde.html ou encore http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/apple-google-microsoft-et-cisco-optimisateurs-fiscaux-et-rentiers-de-la-dette-par-christian-chavagneux-alternatices-economiques.html) dans un secteur des plus stratégique (http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/marche-des-telecoms-et-securite-nationale.html) !
Sa nomination en pleine négociation du Tafta et d'un autre dossier tout aussi sensible pour l'avenir de l'économie européenne et de son modèle social (http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/les-negociations-plurilaterales-sur-un-nouvel-accord-international-sur-le-commerce-des-services-aborderont-des-sujets-des-plus-sensi) a de quoi en alerter et inquiéter plus d'un en France et en Navarre !
Naturellement, les heureux élus présentent tous la caractéristique - très française - de ne pas avoir de contentieux majeur - doux euphémisme - avec les mouvements favorables à la politique actuelle de l'Etat d'Israël même si ils n'y entendent rien et même si celle-ci n'a pas à être jugée aussi sévèrement qu'on se plait à la faire en France .... Le CRIF veille ! Et leur carrière politique est tellement importante ....
Ce n'est évidemment pas le personnage haut en couleurs d'Arnaud Montebourg qui va peser dans ce bel équilibre !
Les questions européennes qui détermineront les grandes lignes du cadre stratégique dans lequel le ministre de l'économie pourra inscrire son action seront négociées sous la tutelle de Laurent Fabius, le Conseil 'Affaires générales' constituant la formation centrale du Conseil !
Garant d'une certaine othodoxie financière, rarement enclin à des débordements de langage, soucieux de l'intérêt général autant que du bon fonctionnement des institutions comme du dialogue social, souple et déterminé à la fois, Michel Sapin est incontestablement l'homme-clé de ce gouvernement resserré. Son engagement européen sincère n'en fait pas pour autant un eurobéat ébété !
Il saura faire entendre la voix de la France lors des G7, G20, au FMI, au sein des Conseils 'Ecofin' et de l'euro ou encore dans les dialogues à haut niveau qui s'instaurent avec les grandes puissances économiques et commerciales mondiales, une voix qui ne sera certainement pas sans énergie, sans tonalité, sans souffle !
Sa proximité avec le président de la République lui assurera la légitimité et le poids politique indispensables pour lui donner un écho fort lorsque les dossiers les plus complexes donneront lieu à des conflits d'intérêt avec les partenaires européens ou internationaux.
Quant à la nomination de la très attendue Ségolène Royal, qui occupe désormais un portefeuille de la plus haute importance où tout laisse à penser qu'elle y entreprendra des grandes réformes mais dans le cadre fixer par l'Union européenne - et elle le sait -, elle participe à apporter aux militants les plus 'européistes' du Parti socialiste la caution européiste qui manque à un gouvernement par ailleurs très fortement marqué au sceau de l'euroscepticisme - un euroscepticisme de façade - (la plupart des ministres ont voté non lors du référendum relatif à l'adoption du traité instituant une constitution pour l'Europe en 2005), alors que Ségolène Royal appelait dès 2009 à l'émergence des Etats-Unis d'Europe autour d'un projet à la tonalité moins agressive.
Pour conclure, nous voyons bien qu'au fort tropisme atlantique du gouvernement Hollande-Ayrault succède un tropisme atlantique tout aussi marqué du gouvernement Hollande - Valls1 doublé d'un euroscepticisme de façade qui tient probablement davantage au souci de réinscrire de manière plus marquée, forcément en manoeuvrant dans la coulisse tout en affichant publiquement le contraire aux citoyens électeurs, la construction européenne dans une dynamique de globalisation où l''occident' jouerait une partition à 6 mains (USA-Commonwealth-Etats-Unis d'Europe) de nature impérialiste autour d'un seul chef d'orchestre soucieux de ne pas se faire doubler dans son rôle d'hyperpuissance sans partage par quelque acteur stratégique que ce soit (cf. http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/carte-des-accords-de-libre-echange-des-etats-unis-2013-par-atelier-de-cartographie-de-sciencespo-diploweb.htmlainsi que http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/le-congres-americain-bloque-la-reforme-du-fmi-par-claire-guelaud-le-monde.html) qu'à celui d'offir aux européens les clés de la maitrise, en pleines souveraineté et autonomie (je n'ai pas dit, en pleine indépendance, car c'est désormais impossible), de leur destin au sein d'un monde multipolaire où les poles d'équilibre et de développement interpénétreraient leurs économies avec le souci de bénéfices mutuels, et sans chercher à détruire pour autant les identités respectives de chacun !
Souvenons-nous quand même que si Laurent Fabius, par calcul politique sur le long terme, a été celui qui a osé une posture incongrue sur le 'plombier polonais', il était Premier ministre de François Mitterand quand a été préparé puis conclu l'acte unique de l'Union européenne (cf. à cet égard 'La préparation de l'Acte unique européen ': http://www.cvce.eu/collections/unit-content/-/unit/02bb76df-d066-4c08-a58a-d4686a3e68ff/be52c2a6-47ec-4917-bf96-58eaa9ae8682/Resources), et qu'aujourd'hui, il est le plus fervent supporter, avec ses homologues américian et britannique, de la diplomatie polonaise, atlantiste parmi les plus atlantistes ... et anti-russe par réflexe patriotique d'un autre siècle !
D'autres choix étaient possibles pour de telles fonctions clés !
Des hommes politiques certainement plus brillants étaient disponibles !
A commencer par Pascal Lamy dont la conception de l'organisation du monde moderne a dû probablement déplaire au Prince ... et à ses amis et alliés extérieurs (cf. http://regards-citoyens-europe.over-blog.com/2014/03/renforcer-la-cooperation-avec-les-puissances-emergentes-et-mondiales-par-pascal-lamy-notre-europe-institut-jacques-delors.html)
"Prenez garde à celui qui se couvre du manteau de la vertu et qui, par ce moyen, trompe et trouble l'univers"
(Tchouang-Tseu)