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Publié par ERASME

« Nos sociétés d’Etat de droit ne sont pas filles de l’harmonie mais au contraire de la violence : « [Elles] ne sont pas sorties tout armées des énergies de la nature et aucun sophisme ne saurait [les] faire relever d’un autre principe que la force [Pierre-Joseph Proudhon, La Guerre et la Paix] … ». A ce stade, personne ne conteste vraiment , et surtout pas celui qui, par une image décapante, a immortalisé l’acte de naissance de la société, Jean-Jacques Rousseau, lorsqu’il suggère que la première cité est née le jour où quelqu’un a planté des pieux autour d’une parcelle de terre jusque-là collective, en disant que désormais ce serait à lui et à lui seul, érigeant la force en première étape de l’Etat de droit [Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité]. Mais posé le postulat d’une violence génitrice, la loi du plus fort doit être exclue de la Cité car, précisément, ce n’est pas une loi : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme pas sa force en loi et l’obéissance en devoir [Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social] … ». Que la loi soit injuste et le droit inique, il n’en reste pas moins que l’affrontement physique disparaît au moment même où il les fonde, faute de quoi il n’y a pas de société qui mérite ce nom. Rousseau n’est ni le premier (« Quicumque finem juris intendit com jure graditur », Dante), ni le dernier (« Le droit qui triomphe n’a nul besoin d’être violent », Victor Hugo) à s’en tenir à un droit et à une force exclusifs l’un de l’autre, même si, à l’image de Pascal, il n’écarte pas d’emblée un des pôles de la contradiction : « La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire en sorte que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui soit fort soit juste. » Mais les deux termes de l’alternative ne sont pas de même essence, puisqu’un seul est légitime : « La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pas pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice. Et ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » Comprenons, avec Rousseau : on a fait « semblant » que ce qui est fort fût juste. » (Jean-Philippe Immarigeon[1],  avocat au barreau de Paris et auteurs de nombreux ouvrages ayant trait à la démocratie)

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