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25 Janvier 2020
L’intervention aura lieu « au sol, sur mer et dans les airs si nécessaire ! » (1). Ainsi s’est exprimé le Président turc Recep Tayyip Erdoğan le 28 novembre 2019, après avoir signé un accord de coopération militaire et économique avec le Gouvernement d’accord national (GAN) de Faïez el-Sarraj.
De fait, le Président turc fait ici référence à un engagement militaire contre les forces du maréchal Khalifa Haftar qui, basé à Tobrouk, en Cyrénaïque, menace directement le nord-ouest du pays sous contrôle du GAN, basé à Tripoli. Le gouvernement turc soutient en effet le gouvernement de Faïez Sarraj, à l’instar du Qatar notamment ; l’Egypte, les Emirats arabes unis ou encore la Russie soutiennent, quant à eux, le gouvernement de Tobrouk.
Cette promesse d’intervention militaire, ainsi que les envois de premiers contingents sur place, ont suspendu les opérations militaires turques dans le nord-est syrien, dont la presse internationale ne fait plus guère mention. La Turquie réalise pourtant ici un audacieux pari : passer d’une offensive en Syrie dont l’investissement militaire s’est avéré particulièrement substantiel pour les forces armées turques, à une nouvelle opération militaire annoncée comme majeure dans un pays très éloigné géographiquement du territoire turc et, par extension, de ses bases militaires.
Cet article va donc s’attacher, dans un premier temps, à revenir sur la situation actuelle dans le nord-est syrien, tant militairement que politiquement (première partie), avant de traiter le basculement militaire turc du Rojava (2) vers la Libye, en exposant les tenants et aboutissants de la décision turque et les modalités de son engagement au profit du GAN (deuxième partie).