Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
12 Février 2020
« Monsieur, ils ont environ une minute à vivre, Monsieur… 30 secondes, 10, 9, 8… Et puis soudain, boom. Ils ne sont plus là, Monsieur ». Il ne s’agit pas d’une réplique de film hollywoodien, mais de la description donnée par Donald Trump de la mort de Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, tués le 3 janvier dernier par une frappe américaine. A l’occasion d’un dîner de levée de fonds du parti Républicain, dans sa résidence de Mara-Lago en Floride le 17 janvier dernier, le Président américain a ainsi révélé les coulisses de l’opération militaire aux donateurs présents.
Alors que la mort du général Qassem Soleimani a attisé les tensions nationales et régionales au Moyen-Orient, l’opération est ainsi mentionnée outre-Atlantique comme un argument de campagne lors d’un diner pour les prochaines élections américaines. L’affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran est aussi affaire de politique intérieure pour Donald Trump, qui peut ainsi rassurer sa base électorale, notamment évangéliste, sur sa capacité à protéger les intérêts américains au Moyen-Orient.
La représentation négative de l’Iran aux Etats-Unis, notamment depuis la Révolution de 1979, a pour conséquence un traitement médiatique biaisé, qui valorise les démonstrations de force de la part du Président américain sur ce sujet. Ce phénomène n’est pas confiné aux Etats-Unis, puisqu’en Europe aussi la mort du chef des forces Al-Qods a souvent été comparée à celles de djihadistes sunnites comme Abou Bakr al-Baghdad sans différentiation ou contextualisation plus fouillée. Cette grille de lecture orientaliste traduit une incompréhension des dynamiques du Moyen-Orient en Occident et le manque de déconstruction de certains thèmes historiographiques européocentrés.