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Publié par ERASME

Les Etats-membres de l'UE ont engagé des négociations pour un plan commun pour faire face à la crise économique qui va suivre la pandémie.

L'idée de "Coronabonds" a été proposée par les Etats du Sud de l'UE. Lors de la crise économique de 2008, plusieurs pays européens avaient déjà plaidé pour la possibilité d’émettre des «eurobonds ». Ces obligations n’auraient pas été émises par les États chacun de leur côté mais par l’ensemble de la zone euro. Cette solution aurait pour objectif de permettre à des pays en difficulté financière d’emprunter à des taux plus bas que s’ils le faisaient seuls. Cela reviendrait à ce que l'Allemagne se porte garante des dettes engagées par les pays du Sud, ce qu'elle refuse, et en tout cas sûrement pas sans contreparties comme une politique de rigueur que lui suggère son modèle ordolibéral. Cette proposition a été refusée par les pays du Nord, mais les pays du Sud, en particulier l'Italie avaient préalablement refusé un contrôle européen renforcé (selon les critères de l'Allemagne et les pays du Nord ) sur les politiques économique nationales. Cette surveillance des budgets nationaux lors de la crise de 2008 pour les programmes d'aide du Mécanisme européen de stabilité, entité intergouvernementale qui évite toutefois la mise en commun des dettes a laissé de mouvais souvenirs. Les fédéralistes européens rêvent aussi à l'occasion de cette nouvelle crise pour pousser à un saut fédéral, mais l'Allemagne logiquement ne s'y résoudra pas, car l'UE n'est pas une nation.

Derrière ce désaccord, il y a la rivalité franco-allemande sur les finalités de l'euro qui refait inévitablement surface. La crise de l'euro est aussi de nature géopolitique et n'a jamais disparu, elle est restée sous-jacente et pourrait apparaître à nouveau en pleine lumière.

Au-delà de l’entente affichée d’un couple franco-allemand équilibré pour la communication politique, les finalités divergent entre les gouvernements allemand et français. Les Français ont pour ambition de renforcer la dimension politique de la zone euro à 19 dans une Union européenne, selon leur perception, trop grande et dominée par l’Allemagne installée dans son centre géographique. Ils espèrent faire faire émerger un gouvernement économique plus favorable à la vision française d’un contrôle de l’économie par la politique, tout en préservant le rôle de l’Allemagne comme « bouclier de la zone euro » dans la mondialisation, et profitant à la France économiquement plus faible. Les Allemands, sans être univoques, se méfient de cette conception et souhaitent maintenir le centre de gravité géopolitique à l’échelle des 27, car ils en occupent le centre. Ils proposent à l’inverse une extension de leur modèle économique au reste de l’Union européenne tout en voulant éviter une « Europe des transferts financiers » (Transferunion). En refusant une avant-garde, ils veulent aussi éviter de créer de nouvelles fractures avec les États-membres d’Europe centrale et du Nord qui ne font pas partie de la zone euro comme la Pologne et la Suède.

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