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Publié par ERASME

« Cela ne fait aucun doute : en Syrie, le tsar est plus fort que le sultan. Son contrôle de l’espace aérien lui offre la possibilité de faire subir de lourdes pertes à son adversaire, de l’obliger à reculer jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’autre choix que de se retirer. Dans la province d’Idleb, Vladimir Poutine a les moyens d’humilier Recep Tayyip Erdogan. A-t-il pour autant intérêt à le faire ? La réponse est loin d’être évidente. D’un point de vue tactique, le maître du Kremlin a sûrement raison de pousser ses pions. Moscou sait qu’Ankara n’a pas les moyens d’une confrontation directe avec la Russie sans le soutien occidental. Il sait aussi que la Turquie a poussé si loin l’hostilité antioccidentale que personne ne devrait désormais venir à son secours. L’échange téléphonique entre les deux présidents hier et la possibilité d’une prochaine rencontre sont bien la preuve que la Turquie n’est pas prête à l’escalade. Mais d’un point de vue stratégique, c’est un pari pour le moins risqué. L’Ours russe a encore besoin de son partenariat avec la Turquie en Syrie, ne serait-ce que pour contrôler les rebelles.
Les frappes contre les soldats turcs ont poussé la Turquie à se tourner vers ses alliés occidentaux, offrant ainsi une occasion pour eux de peser à nouveau dans le conflit syrien et de briser la relation russo-turque. La question des Kurdes syriens, qui a été pendant longtemps l’épine dans le pied de leur relation en Syrie, n’étant plus sur le devant de la scène, rien ne semble empêcher les Turcs et les Occidentaux de faire désormais front commun sur ce terrain. Les Européens ont intérêt à éviter un nouvel afflux de réfugiés et les Occidentaux, en général, disposeraient, avec la Turquie, d’un bras armé sur le terrain susceptible de tenir tête à l’axe Moscou-Damas-Téhéran. C’est pour eux une occasion de ramener la Turquie dans la maison otanienne en la soutenant, au-delà des grandes déclarations, et en mettant en place, par exemple, une zone d’exclusion aérienne à Idleb. Compte tenu des relations récentes entre l’Occident et la Turquie, cette perspective apparaît toutefois improbable ».

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