Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
16 Mars 2020
"Une sorte de tournant stratégique dans la lutte contre la pandémie semble s’être amorcé dans plusieurs pays européens. Dans ces pays, on tient pour acquis que l’épidémie est destinée à se diffuser, et on vise seulement à en ralentir la course afin de la rendre plus supportable pour le système sanitaire. Voilà pourquoi les mesures de social distancing ont été adoptées seulement de manière partielle et parfois contradictoire. Et voilà pourquoi la politique de tests systématiques, qui est en train de donner d’excellent résultats dans les pays asiatiques, n’a pas été adoptée. En France, par exemple, il est pratiquement impossible de se soumettre à des tests à moins de présenter des symptômes graves [...] Le cas chinois et celui de diverses démocraties asiatiques démontrent le contraire : le Coronavirus peut être arrêté. Pourtant, Johnson, Merkel et peut-être même Macron, bien que depuis les déclarations du Premier ministre d’hier soir on puisse en douter, semblent penser que le coût pour arriver à l’arrêt de l’épidémie est trop élevé, pour au moins quatre raisons [...] Il se peut que ces choix soient légitimes, mais il faut bien reconnaître qu’il s’agit d’une stratégie à la fois ultralibérale et complètement unilatérale. Parfaitement cohérente, donc, avec la culture politique de Donald Trump et de Boris Johnson. Un peu moins, peut-être, avec celle d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron [...] Même la Chine, qui n’est pourtant pas connue pour ses valeurs humanistes, n’a pas osé porter à un tel point l’économisme : la colossale machine chinoise a choisi de ralentir, jusqu’à presque s’arrêter, pendant plusieurs mois, plutôt que d’infliger une pandémie à sa population. Les choix que sont en train de faire, ces jours-ci, les principaux dirigeants politiques européens se présentent sous couvert de considérations de caractère technico-scientifique. Il s’agit, en réalité, de choix éminemment politiques [...] En outre, ils font mine de passer pour les choix les plus raisonnables et modérés, alors qu’ils présentent, il me semble, un degré de risque et de radicalité très élevés. Le cas de la Chine et des autres pays asiatiques démontre que, en y mettant les moyens, l’épidémie peut être jugulée. À l’inverse, rien ne démontre que les calculs des apprentis sorciers de la pandémie contrôlée sont corrects (d’autant plus qu’ils n’ont pas été rendus publics). Rien ne démontre que les systèmes sanitaires des grands pays européens sont capables de soigner les malades sans devoir arriver rapidement à des formes de triage digne des temps de guerre, comme cela se passe déjà dans des hôpitaux italiens, dans lesquels les médecins sont contraints de choisir quels patients soigner ou non. Rien ne prouve que les opinions publiques européennes sont véritablement prêtes à supporter une situation de ce genre..."
Les apprentis-sorciers européens de la pandémie contrôlée
Je ne suis pas un épidémiologiste et c'est avec une certaine réticence que je prends la parole dans une période où la compétence joue un rôle crucial. Mais, je m'y connais un peu en politiqu...