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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

L'Impératrice Placidie (Extrait de l'oeuvre de A. Celliez intitulée "Les Reines d'Espagne")

"L'impératrice Placidie a été reine des Goths, avant d'être assise sur le trône des Césars où seule, entre toutes les impératrices, elle a porté le titre d'Agusta.

Elle était fille de la vertueuse Flaccille et du grand Théodose, né en Espagne.

C'est une gloire pour l'Espagne d'voir donné au monde en la personne de Théodose le Grand, et auparavant en celles de Trajan, d'Adrien de Marc Aurèle les meilleurs et les plus illustres empereurs qu'ait eus l'empire Romain.

C'en est une aussi d'avoir donné dans la suite à la France chrétienne, la mère de saint Louis et la mère de Louis XIV.

Théodose tient pour la dernière fois le sceptre d'Auguste. Partagé avant lui en empire d'Orient et en empire d'Occident, l'empire réuni dans ses mains, recouvra pour quelques années son administration glorieuse, la puissance qu'il avait perdue dans des temps d'anarchie (de 377 à 395).

Après lui la division se fit de nouveau pour ne plus cesser. Ses deux fils la fixèrent. Arcadius sous le titre d'empereur d'Orient fit sa résidence à Constantinople et gouverna la Thrace, la Macédoine, la Grèce (grande et petite Achaïe), les provinces d'Asie, l'Egypte. Honorius, sous le titre d'empereur d'Occident, fit sa résidence à Rome ou plutôt à Ravenne et dut gouverner l'Italie, l'Illyrie, les Gaules, l'Espagne et l'Afrique ; autant de provinces qu'il se vit enlever ou disputer par les Barbares.

Placidie, soeur de ces jeunes empereurs, était encore au berceau à la mort du grand Théodose, son père. Elle seule hérita de ses talents et rappela quelques-unes de ses qualités ; les empereurs étaient du nombre de ces princes dont la faiblesse ou la nullité, funeste en tout temps, accélère la ruine d'un état quand il a vieilli ou qu'un malheur le menace ;

[...] 

Placidie se trouva à la hauteur de sa situation ; et dans des fortunes diverses, elle sut faire tourner à son avantage les circonstances en apparence les plus désespérées.

En 410, à peine âgée de 15 ans, elle tomba comme prisonnière avec les plus illustres dames romaines au pouvoir d'Alaric.

Ce chef des Visigoths avait mis le siège devant la ville éternelle ; on lui demandait grâce pour cette grande capitale : " Je n'agis pas de mon propre mouvement, dit-il ; une voix me crie incessamment : marche ! marche ! - Va contre Rome ! "

On le supplia de faire miséricorde, en raison de cette multitude de personnes qui peuplaient la ville impériale. " Plus l'herbe est drue, mieux elle se fauche : " répondit-il. Cependant, cette inflexibilité céda à l'appât de l'or et de l'argent. Rome racheta la vie de ses citoyens au prix de ses trésors, de ses moissons et de ses vins ;

[...] 

Après tant de sacrifices, elle dut subir plus tard les horreurs d'un pillage [en 454, par les Vandales commandés par Genséric°

L'indolent Honorius était cependant enfermé dans la forteresse de Ravenne, réputée inexpugnable, défendue quelle était d'un côté par un mont, de l'autre par la mer.

[...] 

Pendant ce temps, le Tibre recevait le corps de vierges chrétiennes qui avaient préféré leur honneur à leur vie, de farouches soldats emmenaient captives les plus illustres dames romaines ; et Placidie même, la soeur des Césars, dans l'éclat d'une beauté à peine épanouie, pleine d'effroi, et en pleurs, était assise sous la tente d'Ataulphe, frère d'Alaric.

Le chef barbare, dans la répartition des prisonniers, avait laissé la soeur d'Honorius en partage à son frère. Ataulphe n'eut pas plutôt vu la princesse, qu'une passion vive et durable s'alluma dans son coeur.

Celui de sa captive resta d'abord fermé pour lui. Peu à peu cependant Placidie ne put voir, sans en être touchée, tout ce que le désir de lui plaire inspirait à Ataulphe. Elle lui voyait adopter les manières et même les vêtements des Romains ; pour elle il adoucissait ses moeurs et celles de ses soldats ; jamais il ne paraissait en sa présence qu'avec les marques d'un respect, dont il était visible que le principe avait sa source dans le sentiment plus sincère.

Ce n'était pas le désir seul d'arriver à séduire sa captive, et à triompher enfin de ses résistances ; c'était l'aveu de la supériorité de la civilisation sur la barbarie, et l'effort d'un esprit convaincu qui désirait embrasser une vie nouvelle et la faire embrasser à ceux qui dépendaient de lui.

La jeune captive finit par ne point regarder une telle conquête comme indigne de ses soins ; elle donna à un barbare, qui, pour elle, voulait cesser de l'être, l'espérance qu'elle deviendrait un jour sa compagne ; et il lui promettait de payer ce bonheur par le don d'un empire.

Ataulphe, qui succédait à Alaric [mort en 410 après avoir pris Rome] dans le commandement de l'armée victorieuse des Goths, et qui voyait l'impéritie d'Honorius, regardait en effet comme facile la conquête sérieuse de l'Italie entière, avec un établissement qui, de la Péninsule se serait étendu dans les Provinces. Il aurait remplacé l'empire romain d'Occident par un empire gothique et aurait joué le rôle d'un autre Cyrus ou d'une autre Alexandre ; telles étaient les pensées que roulait dans son esprit le barbare qui s'était fait l'adorateur de la fille du grand Théodose. Mais de si grands projets trouvèrent un obstacle invincibles parmi les amis mêmes et les sujets du jeune roi ; lui seul entre les siens était touché des avantages de la civilisation romaine ; ce qui faisait l'objet de sa plus haute admiration, était odieux aux Goths, qui confondaient la mollesse avec l'urbanité, méprisaient trop celle-là pour consentir à adopter celle-ci. Leurs habitudes grossières, mais sans mélange de luxe et d'oisiveté, leur paraissaient bien préférables à la culture des lettres et au goût des arts. Ataulphe dut renoncer à l'espoir de fondre les deux peuples, et de voir ses Goths adopter la civilisation romaine. Cette entreprise était réservée au grand Théodoric à la fin du siècle ; encore ce prince n'y réussit-il qu'à demi.

Ataulphe dut renoncer à son projet ; alors il offrit à sa belle captive le titre de reine, et demanda à Honorius, avec la main de Placidie, le midi des Gaules, à titre de royaume, et à charge de la défendre contre les autres Barbares. "

[...] 

" " Quand mon imagination et mon courage avaient encore toute leur force, j'ai souhaité avec passion d'éteindre la nom romain sur la terre, et de lui substituer le nom des Goths. Mon idée était alors de faire de ma nation, la nation dominante dans le monde et que l'empire romain devint l'empire gothique. Ainsi je n'aspirais pas moins qu'à devenir, de même qu'Auguste, la souche d'une nouvelle lignée d'empereurs. Mais d'un côté, j'ai reconnu que mes Goths étaient d'un caractère trop dur et trop violent pour s'accoutumer à porter le joug des lois civiles, et, de l'autre, j'ai réfléchi qu'un Etat où les lois civiles ne sont pas respectées par tous les sujets ne peut pas subsister ; de ce moment, j'ai compris que mon salut et ma gloire consistaient à employer les armes des Goths pour rétablir, et même accroître la puissance de l'empire romain. Dès que je ne saurais venir à bout d'en changer la constitution, j'en veux être le restaurateur ; et je désire que l'avenir me célèbre en cette qualité. "

" Voilà, poursuit Orose, les paroles propres du roi Atauplhe, telles qu'elles ont été rapportées en ma présence par un homme digne de foi, qui les lui avait entendues plusieurs fois répéter. C'est ce qui engagea ce prince à suspendre toutes sortes d'hostilités et à rechercher la paix. Son épouse Placidie, qui joignait à un esprit perçant beaucoup de religion, n'avait pas peu contribué à la faire entrer dans ces sentiments pacifiques. " " (Paul Orose, cité dans l'art de vérifier les dates) 

Ataulphe, le mari de Placidie, est assassiné.

" Il régnait alors des rives du Gard et du Rhône à celles de l'Océan ; du bord de la Méditerranée aux rives de la Loire ; du bord de la Méditerranée aux rives de la Loire ; la Garonne avec ses nombreux affluents coulait dans ses domaines ; les Cévennes au nord séparaient ses Etats des terres conquises par les Burgondes ; les Pyrénées, de l'Espagne, où depuis plusieurs années les Suèves, les Vandales et les Alains se disputaient un pays malheureux. On avait vu des mères dévorer leurs enfants.

[...]  Il avait régné quatre ans sur les Gaules ; à peine venait-il d'inaugurer son règne en Espagne, mais ce pu de temps avait suffi pour jeter les fondements de la monarchie espagnole. Un royaume Goth était fondé, et précédait de quelques années le royaume des Francs en Gaule. Aujourd'hui les Espagnols sont les seuls peuples d'Europe dont l'origine remonte directement à l'invasion des Barbares dans l'empire romain.

Placidie avait été la première reine des Goths en Espagne, souveraine dans le pays qui avait donné le jour au grand Théosophe [son père].

[...] Placidie n'est plus reine ; mais le royaume des Visigoths en Espagne commence ; Wallia y fonde un empire durable. 

[...] Quant à la princesse qui avait eu une si grande influence sur un prince barbare, elle a, dans al suite, gouverné l'empire d'Occident, non sans mérite, dans les circonstances désastreuses qui enlevèrent à cet empire une à une toutes ses provinces.

[...] A la mort [d'Honorius], arrivée en 432, elle se hâta de ramener son fils [Valentinien, né d'un deuxième époux, Constance, lui aussi décédé] qui fut proclamé empereur ; et un privilège unique dans les annales de l'empire, elle reçut du Sénat et du Peuple le titre d'Augusta. L'impératrice Placidie gouverna avec Valentinien III pendant dix-neuf ans. Deux hommes de talent l'aidèrent à défendre les provinces, mais la rivalité qui les divisa devint fatale à l'empire. [Aetius et Boniface]

[...] Le Royaume fondé par Ataulphe dura de 413 à 712. Pendant ce temps, il passa de l'arianisme à la foi catholique. En 712, conquises par les Maures, l'Espagne chrétienne parut anéantie pour toujours ; mais un petit nombre de braves, retranchés derrière les Asturies, sous la direction de leur chef Pélage, y conservèrent avec la nationalité, la fidélité religieuse, et devinrent le noyau autour duquel se formèrent plusieurs royaumes qui reconquirent pied à pied leur territoire, jusqu'à la complète expulsion des Maures, en 1492. "

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