La Vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben (extrait)
" Le langage des arbres
D'après le dictionnaire, le langage est la capacité des hommes à s'exprimer et à communiquer entre eux. Nous serions donc les seuls aptes à parler, puisque la notion ainsi définie se limite à notre espèce. Est-ce bien certain ? Pourquoi les arbres ne s'exprimeraient-ils pas ? Une chose est sûre, ils ne parlent pas et n'émettent aucun son. Les branches qui craquent quand il y a du vent, le bruissement du feuillage sont des phénomènes passifs indépendants de leur volonté.
Les arbres disposent cependant d'un moyen pour attirer l'attention : l'admission d'odeurs.
Les odeurs seraient un moyen de communication ? Mais oui, et même un moyen auquel nous reconnaissons une certaine efficacité, sinon pourquoi utiliserions-nous du parfum et des déodorants ? Notre seule odeur corporelle suffit pourtant à interpeller le conscient et le subconscient de nos congénères. Il existe des personnes que nous ne pouvons pas sentir, d'autres au contraire dont l'odeur nous attire irrésistiblement. D'après les scientifiques, les phéromones présentes dans la sueur joueraient un rôle déterminant dans le choix du partenaire avec lequel nous souhaitons nous reproduire pour assurer notre descendance. Nous possédons un langage olfactif secret, ce dont les arbres peuvent aussi se prévaloir. Dans les années 1970, des chercheurs ont mis en évidence l'étonnant comportement d'une espèce d'acacia de la savane africaine dont les feuilles sont broutées par les girafes. Pour se débarrasser des ces prédateurs très contrariants, les acacias augmentent en quelques minutes la teneur en substances toxiques de leurs feuilles; Dès qu'elles s'en rendent compte, les girafes se déplacent vers les acacias voisins. Voisins ? Non, pas tout à fait, elles ignorent tous ceux qui se trouvent dans le périmètre immédiat du premier arbre et ne recommencent à brouter qu'une centaine de mètres plus loin. La raison en est surprenante : les acacias agressés émettent un gaz avertisseur (dans ce cas, de l'éthylène) qui informe leurs congénères de l'imminence d'un danger. Aussitôt, les individus concernés réagissent en augmentant à leur tout la teneur en substances toxiques de leurs feuilles. Les girafes, qui n'ignorent rien du manège, se déplacent jusqu'aux arbres non avertis. Ou bien elles remontent le vent. Les messages olfactifs étant transportés d'arbre en arbre par l'air, si elles se déplacent dans le sens contraire au vent, le premier arbre voisin n'aura pas été informé de leur présence, et elles n'auront pas à interrompre leur repas.
Nos forêts tempérées sont le théâtre de phénomènes similaires. Les hêtres, les chênes, les sapins réagissent eux aussi dès qu'un intrus les agresse. Quand une chenille plante ses mandibules dans une feuille, le tissu végétal se modifie aussitôt autour de la morsure. Au surplus, il envoie des signaux électriques, exactement comme cela se produit dans le corps humain en cas de blessure. L'impulsion ne se propage pas en millisecondes, comme chez nous, mais à la vitesse d'un centimètre par minute. Il faut compter une heure de plus pour que les anticorps qui vont gâcher la suite du repas des parasites soient synthétisés. Les arbres ne sont pas des rapides : et danger ou pas, c'est là leur vitesse maximale. En dépit de cette lenteur, aucune partie de l'arbre ne fonctionne isolément. Un agresseur met les racines en difficultés ? L'information gagne l'ensemble de l'arbre et déclenche si nécessaire l'émission de substances odorantes par les feuilles. Pas de n'importe quelles substances : l'arbre les fabrique sur mesure en fonction de l'objectif à atteindre. Cette aptitude à réagir de façon ciblée l'aide à juguler l'attaque en quelques jours. Parmi tous les insectes qu'il sait reconnaître, un arbre est en effet capable de repérer le chenapan qui s'en prend à lui, car chaque espèce possède une salive spécifique qui permet de l'identifier avec certitude. Le système fonctionne si bien que des substances attirantes peuvent être émises pour ameuter des prédateurs spécialistes de l'espèce qui vont se faire une joie de prêter main-forte aux arbres en dévorant les parasites. Les ormes et les pins font ainsi appel à des petites guêpes qui pondent leurs yeux dans le corps des chenilles qui les envahissent. Les larves de guêpes y éclosent à l'abri puis se développent en dévorant petit à petit la grosse chenille de l'intérieur. Il existe des morts plus douces, je le concède, mais c'est à ce prix que l'arbre libéré de ses parasites peut de nouveau croître et embellir. ..."
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La Grande Librairie reçoit pour la première fois Peter Wohlleben, auteur du best-seller : " La vie secrète des arbres " (Les Arènes). Un ouvrage consacré à c...
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