La démocratie américaine : unité et diversité, par Laurent Bouvet (Dans La Démocratie (2010), pages 229 à 236)
Les États-Unis forment la première démocratie moderne. La Révolution « a fait des Américains (en dépit de la persistance de l’esclavage jusqu’au milieu du xixe siècle) le premier peuple du monde moderne à posséder un gouvernement et une société réellement démocratiques ». Les treize colonies devenues indépendantes en 1776 puis fédération en 1787 constituent en effet la première nation moderne à avoir réussi ce qui faisait figure de quadrature du cercle politique jusqu’au xviiie siècle : la conjugaison de la souveraineté du peuple et du gouvernement représentatif grâce au fédéralisme notamment. Tocqueville explique ainsi cette exception américaine dans De la démocratie en Amérique : « L’État social des Américains est éminemment démocratique. Il a eu ce caractère dès la naissance des colonies ; il l’a plus encore de nos jours. » Il ajoute : « Le grand avantage des Américains est d’être arrivés à la démocratie sans avoir à souffrir de révolutions démocratiques, et d’être nés égaux au lieu de le devenir. » Si Tocqueville a su montrer en quoi la démocratie américaine était à bien des égards exceptionnelle et qu’elle pouvait aisément faire figure d’idéal, il en a aussi clairement exposé les limites et les risques. Qu’il s’agisse de la légitimité du choix du « peuple » et de ses conséquences, de la représentation des intérêts et des différences dans l’espace politique ou encore de l’efficacité de la décision dans le contexte démocratique.
Les Pères fondateurs américains – James Madison, John Adams, Benjamin Franklin… –, à l’origine de la Constitution des États-Unis toujours en vigueur aujourd’hui, ont inventé à la fois la république et la démocratie modernes, réconciliant les deux régimes distingués par Aristote ...
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