Les bulletins mensuels de France Trésor
La dette de l’État étant négociable, sa détention évolue constamment. Ainsi, ce sont en moyenne 15 Md€ de titres qui changent de main chaque jour. Cependant, les enquêtes périodiques réalisées par la Banque de France et par le Fonds Monétaire International (respectivement trimestriellement et semestriellement) mettent en évidence une structure de détention relativement stable, au niveau agrégé, une fois retraité l’impact des opérations de politique monétaire. Ainsi, abstraction faite de la dette détenue par la banque centrale - la Banque de France - au titre de l’Eurosystème, les investisseurs résidents détiennent environ un tiers de la dette tandis que les non-résidents en détiennent les deux-tiers et ce ratio est resté stable au cours de la décennie écoulée. En intégrant la dette détenue par la banque centrale, ce ratio est aujourd’hui de 50%/50% comme l’illustre les graphiques ci-après. Note de lecture : le graphique de gauche correspond aux données du FMI sur la dette publique (Sovereign Debt Investor Base for Advanced Economies) à fin 2020 tandis que le graphique de droite correspond aux données de la Banque de France sur la dette de l’État à fin 2020.
Les statistiques de la Banque de France et du FMI ne sont pas identiques. En effet, ces sources de données diffèrent sur deux aspects. Premièrement, le périmètre comptable est différent, les données de la Banque de France concernant la dette de l’État tandis que le FMI publie des données sur la dette publique (qui comprend, au-delà de la dette de l’État, la dette d’autres administrations publiques centrales, celle des administrations de sécurité sociale et celle des administrations publiques locales). Deuxièmement, la Banque de France publie des données en valeur de marché alors que le FMI les publie en valeur faciale. L’importance aujourd’hui prise par les programmes d’achats de l’Eurosystème dans la détention de la dette d’État est visible dans les catégories « Autres (résident) » des données de la Banque de France (25%), qui agrège d’autres investisseurs que la Banque de France et « Banque centrale nationale » des données du FMI (18 %). La différence entre ces deux grandeurs reflète également des périmètres différents entre les deux enquêtes. La part de 18 % détenue, selon le FMI, par le secteur public non-résident, reflète principalement l’intérêt pour la dette française des banques centrales extérieures à la zone euro pour le placement de leurs réserves de change. La répartition de la dette française bénéficie donc d’une excellente diversification du point de vue géographique mais aussi du point de vue de la typologie d’investisseurs. Cette stabilité et cette diversité sont des éléments de sécurité importants pour la politique d’émission de l’État, face aux évolutions et aux chocs susceptibles d’impacter tel ou tel segment de la demande. Elle permet aussi de minimiser le coût de financement de l’État dans les différentes situations de marché en maintenant une demande élevée pour les titres français. C’est enfin le signe de la confiance des investisseurs dans la signature de la France et la qualité technique de la dette française.
Voir le bulletin mensuel de mai 2021 : Bulletin mensuel mai 2021