Le retrait américain d'Afghanistan marque la fin de l'ère post 11 septembre, par Alexandra de Hoop Scheffer
Dans cette tribune qui parait ce jour dans les pages du Monde, Alexandra de Hoop Scheffer analyse les implications géopolitiques du retrait américain d’Afghanistan. Cette tribune est un aperçu du travail de recherche et de terrain qu'elle a effectué ces vingt dernières années sur les interventions militaires américaines post-11 septembre 2001, en Irak et en Afghanistan.
« Il aura fallu seulement dix jours pour que les talibans reprennent le contrôle de l’Afghanistan et célèbrent à leur manière le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Cette reconquête éclair et la détermination du président Biden à retirer les troupes américaines, ont sidéré le monde entier. En réalité, nous assistons ici à l’aboutissement d’une décennie de désengagement américain et d’une déliquescence chronique des institutions afghanes, qui ont profité aux talibans.
La reprise du pouvoir par les talibans marque un tournant géopolitique : il s’agit d’abord d’une défaite stratégique pour les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN, avec des implications à long terme pour leur crédibilité et leur capacité à agir ailleurs ; c’est aussi une illustration cinglante du monde post-américain qui se dessine, au profit d’autres puissances, la Chine en premier lieu, mais aussi la Russie, la Turquie et l’Iran qui s’imposent sur le terrain et mènent la diplomatie de crise.
La politique du fait accompli de Biden en Afghanistan rappelle aussi aux alliés des États-Unis (de l’Europe à l’Asie en passant par les pays du Golfe) qu’ils doivent assumer leur part du fardeau de la sécurité internationale et ne pas bâtir leur politique étrangère en comptant indéfiniment sur les moyens américains ».
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