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Publié par Patrice Cardot

Peu après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne se posait déjà la manière d'associer de manière structurelle à l'UE les pays de son voisinage occupant une place particulière sur les échiquiers de la sécurité régionale et de la stabilité stratégique !

Devant le constat qu'Israël avait pu bénéficier, à raison, d'un statut privilégié ("Tout sauf les institutions"), et alors que les débats houleux qui s'ouvraient sur le bien-fondé de la poursuite du processus d'adhésion engagé au profit de la Turquie, j'ai proposé comme option alternative d'offrir le bénéfice de ce même statut à ce grand pays occupant un place importante dans le concert des nations, et plus encore, dans le voisinage immédiat de l'Union européenne !

Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré qu'elle était favorable à une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne (UE), après que l'UE et ses 27 États membres ont décidé de fournir des armes à l'Ukraine - une première dans l'histoire de la communauté internationale, et que l'Ukraine vient de saisir à bras le corps cette perche tendue par la présidente de la Commission européenne, en demandant son rattachement « sans délai » à l'Union européenne, par la voix de son président Volodymyr Zelensky, en ajoutant : « Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible », le pragmatisme froid nous place immédiatement devant cette réalité incontournable que l'Ukraine n'est pas en capacité de satisfaire à la plupart des critères d'adhésion imposés à tous les autres candidats (Adhérer à l'UE) !

Ne reproduisons pas les erreurs commises en 2013 et 2014 ! En Europe, les positions à l'emporte-pièce, sans mesures d'impact préalables, semblent le résultat de processus orphelins de toute véritable analyse stratégique (cf. à cet égard, notamment Les institutions européennes disposent-elles d'une vision stratégique et de compétences juridiques, géopolitiques et techniques suffisantes pour amener l'Union à adopter des positions aussi radicales à l'égard de la crise ukraino-russe ? ou encore Entre presque rien et 11 milliards d'euros, il y avait largement de la place pour la raison ! Tel n'a pas été le cas au sein de la Commission européenne s'agissant de son soutien à l'Ukraine

Comme l'affirma Philippe de Suremain, ministre plénipotentiaire hors classe, Ambassadeur de France en Ukraine de 2002 à 2005 : Il n’est plus temps d’esquiver l’attraction qu’exerce l’Europe, malgré ses états d’âme sur ceux qui aspirent à la rejoindre et tout le moins à y puiser leur inspiration et y trouver leur modèle. La politique de voisinage quelque peu improvisée et qu’a refusée en son temps la Russie (pas de voisinage commun) puis le partenariat oriental, mieux ciblé mais mal financé n’ont pas été à la mesure de l’enjeu. La situation présente doit inciter les Etats membres à plus de cohésion vis à vis de la Russie qui dépend autant , sinon plus de l’UE que celle-ci de la Russie. Ce qui suppose de notre part une vision commune de l’Ukraine, carrefour stratégique de notre continent, appelé à être la clé de voûte de la future Europe plutôt que le champ clos de ses vieilles rivalités." (cf. L’Ukraine, une crise politique qui révèle les tensions qui traversent le continent européen)

Faut-il alors aller jusqu'à envisager un précédent historique, dans la précipitation, sous la pression des évènements, en lui accordant un régime spécial dérogatoire, qui entrainerait immédiatement des conséquences sans doute encore inestimées dans tous leurs effets par les responsables européens, à Bruxelles comme dans les capitales des Etats-membres ?

N'y aurait-il pas dans cette autre forme de rapprochement privilégié par le truchement de l'octroi du bénéfice du régime spécial réservé à Israël une option alternative en mesure d'éviter d'entraîner une Union européenne déjà en crise de légitimité - ce que semble oublier les observateurs - dans des difficultés multiples qui viendraient la paralyser ou nuire à sa crédibilité politique, en même temps que de pallier les lacunes de sa politique de voisinage orientale (partenariat oriental et accords d'association), tout en évitant d'entretenir à l'égard de la Russie une attitude résolument hostile par la définition d'un cadre de coopération UE- Ukraine excluant certains chapitres des traités (PESC, ...) ? 

Les éléments de réciprocités qui y sont associés permettraient alors à l'UE comme à l'Ukraine de définir ensemble les modalités de rattrapage dans les différents domaines pour lesquels le processus d'adhésion fixe des critères en mobilisant les instruments de l'Union réservés aux pays membres, tout en prenant en compte les observations sévères formulées par la Cour des Comptes européennes (Le soutien de l'UE en faveur des réformes en Ukraine est inefficace pour lutter contre la grande corruption) !

Une autre option est également envisageable, qui consisterait à offrir à l'Ukraine un statut identique à celui de l'Autriche ! 

Comme le souligne Nicolas Gros-Verheyde, " le retrait des troupes soviétiques d’Autriche, effectif en 1955, a été acquis au prix de cette neutralité. Et sa sécurité a toujours été garantie, y compris dans un moment rude, celui de 1956, qui a vu les troupes soviétiques intervenir à Budapest. L’Autriche est aujourd’hui membre de l’Union européenne, c’est un pays stable… et riche. Sa non adhésion à l’OTAN n’est pas un handicap, loin de là. Au contraire, ce serait même un atout. Vienne a toujours été le lieu de rencontres entre l’Est russe et l’Ouest. Encore aujourd’hui, elle accueille les négociations entre les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies (+ l’Allemagne) et l’Iran, pour l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA). " (cf. La neutralité n'est pas une tare)

Voir également : 

A propos de la relation entre l'Union européenne et l'Ukraine : 

 * Accord d'association : Une nouvelle feuille de route pour l'Ukraine    

* L’Ukraine, une crise politique qui révèle les tensions qui traversent le continent européen, par P. de Suremain (diploweb.com)                

A propos du partenariat oriental : 

* Joint Declaration of the Eastern Partnership Summit (Vilnius, 28-29 November 2013)

 * Third Eastern Partnership summit (Vilnius, 28-29 November 2013)  

* Partenariat oriental: s'atteler à la tâche (Commission européenne)

 Conclusions de la présidence: réunion des ministres des affaires étrangères du Partenariat oriental (Bruxelles, le 23 juillet 2012)

* Partenariat oriental : "vers une intégration toujours plus étroite au sein de l'UE" ?

* UE/Partenariat oriental : Vilnius: un "partenariat" ambigu ?

A l'égard de la stratégie d'élargissement :

* http://ec.europa.eu/enlargement/countries/strategy-and-progress-report/ 

Attention ! Ceci N'EST PAS une "stratégie d'élargissement" 

* Et Bruxelles envisagea un nouvel élargissement... l'Europe a-t-elle perdu tout sens commun ? (Atlantico.fr)

Pour une révision de la politique d'élargissement de l'Union européenne            

 * Le Parlement européen adopte une résolution intitulée 'Politiques et critères d'élargissement et intérêts stratégiques de l'Union européenne en la matière' 

Fatigue institutionnelle et fatigue de l'élargissement - ou le dilemme unité/diversité

* Le rapport annuel sur l'élargissement de l'UE- une volonté claire d'ouverture    

 * L’Élargissement met-il en péril le projet européen ? par Yves Gounin (Politique étrangère)     

 "L'Europe" et ses élargissements : stop ou encore ? (Tribune par Yves Bertoncini et Sami Andoura / Notre Europe - Institut Jacques Delors)     

Élargissement de l'Union européenne : le toboggan et l'accordéon

La fatigue du processus d'élargissement de l'UE met le projet politique européen en péril !

Plaidoyer pour une vraie réforme du processus d'élargissement de l'Union européenne

A propos de la relation entre l'Union européenne et la Russie :

Alain Lamassoure juge que l'Europe devrait définir une doctrine sur la Russie      

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