Architecture européenne de sécurité : Des forces multinationales de prévention pour un continent européen à réunifier / Essai de mise en perspective, par Jean DUFOURCQ

" ... Tel pourrait être un schéma pour demain qui préservera l’essentiel, à savoir, l’efficacité militaire, la légitimité politique et l’équilibre géopolitique. Des forces de prévention, certes, mais pas bonnes à tout faire; des forces d’intervention, certes, mais pour stabiliser dans la durée, non pour changer par la force le cours des choses.

Pour conclure, peut-on établir et piloter un tel réseau ? Il va de soi qu’il faut dans un premier temps articuler les différents états-majors à la future structure de force de l’Alliance et à la logique de gestion de crise arrêtée par l’Union européenne à Helsinki et confirmée récemment à Nice. Mais il faut bien reconnaître que nous sommes encore loin de pouvoir y parvenir, à la fois parce que les arrangements de consultation OTAN/UE sont en négociation mais aussi parce que la nature même de la structure de forces de l’Alliance fait l’objet d’âpres discussions, où les considérations nationales l’emportent généralement sur la logique multinationale. Permettant d’homogénéiser progressivement la structure militaire du continent, un tel réseau pourrait prendre, le jour venu, le relais de l’organisation rénovée de l’Alliance qui tôt ou tard quittera la logique de la défense collective au profit de celle de la coopération régionale. 

Telle est la perspective authentiquement européenne qu’il faut considérer non comme une alternative à la structure militaire intégrée de l’OTAN, mais comme une contribution concrète et moderne à la stabilisation du continent eurasiatique et le prolongement de la dynamique d’Helsinki et de l’IESD dans l’Alliance et au-delà. Tous ceux qui veulent aller « plus vite et plus loin » ensemble, en mettant en commun leurs moyens militaires, en échangeant des capacités, voire en spécialisant leurs forces militaires dans une perspective d’engagement commun, tous ceux-là reconnaissent de facto la primauté de leurs intérêts communs sur leurs intérêts particuliers. Ils sont à encourager. Ceux-là, dans un cadre régional bien balisé par leur histoire commune, seront capables de créer les conditions réelles d’un environnement de sécurité stabilisé sans avoir besoin de recourir à une tutelle extérieure ni déléguer le soin de leur sécurité à des organisations abstraites ou lointaines. "

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