Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

Chiffrer ses communications, c'est désormais suspect (La Quadrature du Net)

L'affaire antiterroriste « du 8 décembre », beaucoup moins médiatisée que l'affaire « de Tarnac » en 2008, lui ressemble beaucoup : dans un cas vertigineux d'auto-intoxication policière, les agents et le parquet, à force de surinterpréter des signes, finissent par se convaincre de l'existence d'un complot terroriste. Les faits sont racontés par exemple dans cet entretien avec l'un des 7 personnes inculpées qui seront jugées en octobre 2023 : https://lundi.am/Affaire-du-8-decembre-recit-d-une-mise-en-examen-pour-association-de.
Mais ce qui a plus spécialement attiré notre attention dans le dossier d'instruction, c'est l’insistance avec laquelle les enquêteurs reviennent sur le fait que les inculpé·es chiffrent leurs communications numériques. Utiliser sur un smartphone un système d'exploitation libéré de Google (/e/OS), utiliser sur un PC un système d'exploitation chiffré (Tails), naviguer sur le Web avec un navigateur chiffré et anonyme (Tor), et même utiliser une messagerie instantanée chiffrée (Signal), sont pour les policiers de l'antiterrorisme des signes certains que vous avez la « volonté de vivre dans la clandestinité » et que vous avez forcément quelque chose de très grave à cacher...
L'histoire donnerait envie de rire si elle n'était pas dramatique : depuis trois ans déjà, 7 personnes vivent au quotidien sous la pression de la police antiterroriste, avec la suspicion et la surveillance constante que cela entraîne, le harcèlement des proches, l'épuisement mental et les convocations incessantes.
Par ailleurs, le chiffrement des communications est un droit et un besoin. Dans une société qui transforme en crime le désir de protéger son intimité, plus personne n'est en sécurité. Tout le monde a déjà entendu (ou même prononcé) la célèbre formule des personnes que la surveillance (des autres) ne dérange pas : « Je n'ai rien à cacher ». Cette banalité a surtout un envers très inquiétant : si vous voulez cacher quelque chose, alors on peut vous le reprocher. Ce cauchemar kafkaïen, la police française le fait vivre aujourd'hui à 7 personnes, n'attendons pas d'être 68 millions.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article