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Publié par ERASME

Des élections partiellement libres ?

Les manifestations qui ont rassemblé plus d’un demi-million de Polonais, dimanche 4 juin, pour protester contre une loi créant une commission sur les ingérences russes, avaient certes de quoi réjouir l’opposition démocratique au parti national-conservateur Droit et Justice, le PiS, au pouvoir depuis 2015. Si cette loi a servi de déclencheur, la contestation portait plus largement sur l’ensemble des politiques autoritaires du gouvernement. Pavoisant sous autant de drapeaux européens que de drapeaux polonais, la foule manifestait contre « la vie chère, l’escroquerie et le mensonge, en faveur de la démocratie, des élections libres et de l’Union européenne ».

Au moment même où la Cour de justice de l’Union européenne réitérait sa condamnation de la réforme judiciaire mise en œuvre par le PiS depuis 2019, cette manifestation d’une société civile bien vivante, qui se réclame des valeurs de liberté qui inspirèrent le mouvement Solidarité d’abord et le renversement du régime communiste en 1989, pointe aussi les incertitudes et contradictions du rapport de force politique en Pologne aujourd’hui. Car malgré les avertissements puis les amendes infligées par les institutions européennes au gouvernement polonais pour ses multiples atteintes à l’État de droit, ce dernier refuse toujours de plier : la mise au pas des juges, la restriction des libertés académiques et la tutelle des médias se poursuivent, à tel point que certains se demandent, si le PiS devait remporter les prochaines élections législatives, si les suivantes seraient réellement libres.  

La référence aux élections de 1989, par le choix de la date et la portée symbolique de la présence de Lech Walesa en tête de cortège, était donc tout sauf fortuite. Mais elle est loin d’être univoque, quand le même pouvoir qui défend si vigoureusement les aspirations démocratiques des Ukrainiens et leur volonté de rejoindre l’Union européenne en pratique lui-même une version réduite aux acquêts. Preuve, s’il en fallait, que les mouvements démocratiques engagés en 1989 ne sont ni linéaires ni irréversibles, et que les transitions peuvent aussi s’enclencher en marche arrière.

La Rédaction

Voir l'article : Élections législatives en Pologne : les leçons de 1989

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