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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

Entre ironie philosophique et ironie romantique : les Salons de Diderot, par Laurence Mall

Souvent drôles, les Salons déploient tout l’arsenal du rire décapant et de l’ironie démystifiante (burlesque, persiflage, mots d’esprit etc.), si familier aux philosophes, contre la médiocrité, la prétention, la corruption que Diderot dénonce dans les mauvaises toiles, chez les mauvais peintres, et dans la société qui les nourrit. Mais cette veine critique, qui parfois se fond dans la fameuse gaieté française, mondaine, libertine, voire blasphématoire, n’est certes pas le seul mode de l’ironie dans le texte. S’y ajoute par exemple une auto-ironie subtile soulignant les ambiguïtés dont Diderot est conscient dans ses propres positions sur l’art, ainsi que ses propres faiblesses de critique. Plus largement, une vision ouverte de la place de l’art dans la vie humaine abrite tantôt une adhésion passionnée à la croyance en la valeur de l’art, tantôt un scepticisme lucide sur ses limites. L’écriture fragmentée des Salons, analytique, critique et prosaïque d’un côté, parfois aphoristique et poétique de l’autre, rythme cette oscillation. Les Salons dépassent sans y renoncer l’ironie philosophique, et annoncent sans la constituer ce qui sera nommé ironie romantique, son contraire.

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