Bien commun et droit international, par Jean-François Marchi (In Les Cahiers Portalis 2017/1 (N° 4), pages 53 à 67)

" La doctrine - Utilisée depuis Platon et Aristote, alors pour désigner le but ultime de la polis, la notion de « bien commun » a traversé des siècles de doctrine, y empruntant des formes et un contenu variés et connaissant différentes fortunes. Sous son acception actuelle, on considère que c’est sous la plume d’Albert le Grand qu’elle apparaît, à travers l’identification de deux utilitates qui imprègnent les sociétés humaines : l’intérêt individuel et l’intérêt collectif ; la politique devant servir l’intérêt collectif et faire le bien commun. Bien sûr, c’est Saint Thomas d’Aquin qui va théoriser la notion même de bien commun, tracer en détail ses rapports avec la loi humaine et bâtir l’édifice doctrinal le plus imposant. On a pu le présenter ainsi : « (1) il existe un bien propre du corps social, qui transcende le bien individuel ; (2) ce bien est une finalité qu’il est impossible de complétement atteindre mais vers laquelle il faut tendre en cela qu’elle indique une direction ; (3) le bien commun se nourrit par une série de vertus et valeurs sociales vouées à l’ensemble du corps collectif en tant que tel (bonheur de l’ensemble, justice de l’ensemble, etc.) ; (4) si ce bien de la communauté doit prétendre à une certaine supériorité par rapport aux biens individuels, il ne saurait demander n’importe quel sacrifice à l’individu. La majorité des citoyens ne peut disposer des tous les droits de la minorité ou de l’individu ; (5) ce bien commun est mutable dans l’histoire et il incombe au législateur de le concrétiser dans des lois positives ; (6) le pouvoir du législateur connaît certaines limites, d’abord quant aux droits individuels (nécessaires au bon épanouissement du bien commun lui-même), ensuite quant au droit naturel et divin (injustices manifestes, idolâtries, etc.) » ... "

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